Le fruit oublié
Vous-avez déjà mangé une grenade ?
Moi, personnellement, j’avoue que j’ai découvert tard ses graines juteuses, sucrées acides, de couleur pourpre. La première fois quand j’ai reçu en cadeau une grenade, dans mon enfance, de la part d’un ami revenu d’un voyage en Caucase, je l’ai regardé étonné, et je l’ai retourné sur tous les cotés, sans que je me rende compte que j’avais à faire à un fruit. La croûte dure, jaune et avec des reflets rouges, la faisait ressembler plutôt à un moulage de plâtre. En la coupant j’ai découvert ses alvéoles asymétriques, remplies de petits grains gélatineux, que j’ai savouré tout de suite, comme une bizarre délicatesse pour laquelle j’avais l’intuition de ne plus l’a rencontrer de sitôt. Même pas aujourd’hui, quand les étagères des super marchés pleurent sous le poids des tonnes de fruits, un plus exotique que d’autre, je tombe très rarement et par hasard sur une cagette de grenades, comme si elles étaient cachées des regards et ignorées par les acheteurs… Et je me demande : il y a quelqu’un qui sait, vraiment, qu’est ce qu’une grenade, et combien d’histoires renferment sa croûte dure ?
Si on regarde dans le dictionnaire explicatif, on trouve une définition vide et banale : « la grenade est le fruit d’un arbuste (Punica granatum) de la famille de punicacés, répandu dans la région méditerranéenne et cultivé avec comme zone de prédilection un climat tempéré chaud. Ses fleurs sont rouges, et le fruit en lui même est une baie spéciale de forme sphérique, qui peut être consommée comme tel ou utilisé pour la fabrication des sirops ou gélatines( …) ». Qu’est-ce que c’est que cela ?
L’histoire nous dit que la grenade était connue et appréciée de tous les peuples antiques, par les juifs, par les égyptiens, par les phéniciens, mais, bien sur, par les grecs et romans, pour ses qualités médicinales et gastronomiques. Dans la Bible on parle très explicitement du « must de grenade », ce qui démontre que les juifs buvaient le jus de grenades après qu’ils l’aient laissé fermenter. La croûte du fruit, riche en tanin, était utilisé pour le tannage des peaux et pour donner la couleur au vin, et en médecine était connue par son pouvoir astringent, utilisé pour combattre la gastro-entérite.
Au delà de toutes ses caractéristiques, la grenade a une forte valeur symbolique, pleine de significations, et elle a été utilisée dans des contextes culturels éloignés dans le temps et l’espace. Les thèmes symboliques les plus souvent rencontrés ont été le plus souvent inspirés de la structure physique du fruit et transformé en analogies, comme ça sera la richesse, le cycle de la mort et le renaissance, la pluralité dans l’unité.
« Une sphère opaque et rugueuse (surface qui n’est pas lisse) qui enferme a l’intérieur une extraordinaire abondance de graines, sucrées et juteuses. » Le symbolisme oriental souligne cet aspect et associe le fruit avec la prospérité et la fertilité ; ainsi, la grenade, stylisé, est un motif souvent rencontré dans la décoration des murs, et il est souvent un cadeau de mariage, comme souhait de richesse et d’abondance ; même aujourd’hui, en Afrique elle est le symbole de la maternité ; en Inde, les femmes qui ont peur de ne pas pouvoir avoir d’ enfants boivent du jus de grenade ; en Grèce et en Turquie les mariées jetaient une grenade par terre et elles découvraient, en comptant les graines éparpillées du fruit écrasé, le nombre d’ enfants qu’elles allaient avoir, tandis que à Rome, les mariées se mettaient les feuilles de grenadier dans les cheveux, le jour du mariage. En Perse, l’endroit d’origine de la grenade, elle apparaît souvent dans les poèmes d’amour, associé à l’image lyrique de l’amour. Et en extrême orient, la grenade représente l’abondance, la fertilité et la fécondité ; en Chine elle était considérée comme le symbole de la postérité, en Vietnam une ancienne légende raconte à propos d’une grenade de laquelle sont sortis une centaine d’ enfants, et chez nous, dans la langue roumaine, mots comme : « roade » - fruits, « rodnic » - fructueux, « rodnicie » - fécondité (pour mieux comprendre la suite il faut savoir que grenade se dit en roumain rodie ), tire sa sève de l’arbuste avec des fruits durs. Donc, pour tous, on parle d’un concept identique, même s’il est habillé dans des formes différentes, et on ne peut pas contester le fait que la fertilité et la descendance nombreuse donne une image parfaitement adaptée au symbole de la grenade.
Certains chercheurs prétendent encore le fait que dans la mythologie traditionnelle, la grenade a été soit confondue, soit remplacée ultérieurement avec la pomme, beaucoup moins répandue dans l’architecture au proche orient et en Europe. Le jardin des Hespéride, avait des pommes d’or, Paris devait offrir une pomme à la plus belle des déesses, et Eve a offert à Adam une pomme, comme fruit de la connaissance. Mais la pomme, à cette époque, était loin d’avoir le goût et l’aspect du genre de pommes pas sauvages d’aujourd’hui : elles étaient sauvages et avec des fruits petits et rabougris, ne provoquaient même pas l’admiration, et même pas l’envie de les goûter… Comme on peut voir, la pomme, mise souvent de légende en connexion avec l’élément féminin, pourrait être en réalité une grenade…
« Comme un fil de pourpre sont tes lèvres, ta bouche est pleine de grâce et tes joues s’aperçoivent derrière la vague comme le fruit de grenade », dit la «Chanson des Chansons ». Le fruit avec des graines de couleur du rubis est rappelé à plusieurs reprises dans l’ancien Testament : des grenades mures, alternant avec des cloches d’or, décoraient la cape « sacerdotale », « l’éphod », comme est écrit dans l’Exode. La même signification de la fertilité apparaît dans la Bible dans d’autres endroits, comme par exemple quand ils parlent du Pays promis, de la terre idéale : « Ton Dieu va t’offrir la meilleure terre…avec du blé, de l’avoine et de la vigne, où poussent des figuiers, des grenadiers et des oliviers ». Peut-être que pour cela Hiram, l’architecte du temple du Salomon, a reproduit l’image sculptée des deux cents grenades tout autour des chapiteaux des deux colonnes…
Saint Grégoire de Nicée, Prêtre de l’église au 4ème siècle après le Christ, soutient que les grenades du bord des capes indiquent un mode de vie discipliné et dur, comme la croûte du fruit, en mesure de payer ceux qui le pratique avec de l’espoir, de la richesse et des cadeaux intérieurs, sucrées comme les graines enfermées dans sa pulpe, et Saint Jean de la Croix, mille deux cents ans plus tard, écrit dans « Oda spiritului (l’ode de l’esprit) » : « comme chaque grenade contient beaucoup de graines qui naissent et se développent dans sa cavité sphérique, de la même manière n’importe quelle autre caractéristique, mystère, résonnement et vertu de Dieu contient une multitude d’effets et miracles ».
Le symbolisme chrétien transforme dans le sens spirituel le motif de la richesse ; le fruit associé à l’image du Christ montre l’amour pour l’Humanité jusqu’au sacrifice suprême, comme la grenade créée des mains de la Vierge avec l’enfant dans le célèbre tableau de Botticelli. On retrouve, de même, tout au long du Moyen âge l’image de la grenade utilisée en gros autant dans les peintures que dans les arts du tissu les plus chers et précieux, destinées aux cérémonies les plus pharaoniques de la Cour des Rois et l’église. Donatello, Verrocchio, Rossellino, Piero della Francesca et les peintres qui les ont suivis, ont repris, dans leurs œuvres, le symbole de la grenade, qui est, en plus, un motif très répandu dans la décoration des sculptures, plus souvent dans celle des tombeaux et de l’architecture classique.
L’association entre la grenade et l’idée de la mort, symbolisant la renaissance, présente aussi dans l’idée du sacrifice du Christ et la promesse d’une vie éternelle, a des racines dans le monde avant la chrétienté. Dans certains rites Egyptiens funèbres sont utilisés le fruit et les graines de grenade, qui étaient mises à coté de celles parties parmi les vivants, pour l’accompagner dans le voyage dans l’autre monde. Ont été trouvées des traces du fruit dans les tombes qui datent de l’année 2500 avant le Christ, et même dans la tombe de Ramsès 6, et dans les tombes grecques ont été retrouvées des grenades en argile : la participation aux mystères implique la mort et la renaissance de l’initié.
La grenade évoque, en Grèce antique, le symbole des Mystères et, d’après Pausanias, dans la ville Argos la statue de lunone tenait dans la main une grenade et sur elle était écrit : « La signification de la grenade est un secret sacré, duquel on ne peut pas en parler ici ».
La mythologie grecque, travers Apollodore d’Athéna( siècle 2 av. Christ), associe le fruit avec Cérès ou Déméter, la déesse de l’agriculture, et sa fille Perséphone, et, à travers elles, avec la mort et la renaissance cyclique de la nature.
La légende dit que Perséphone a mangé sept graines de grenade, vues comme « nourriture de la mort », fait qui lui a attiré la punition de Zeus, qui l’a lié pour toujours a l’enfer, en l’obligeant à vivre là-bas trois mois par an : quand elle retourne sur terre, celle-ci revient à la vie, et le temps que la déesse reste sous la terre, en temps d’hiver, la grenade mûrit.
Le mythe du Perséphone ou de Proserpine, la descente en enfer, fait partie de la culture lie aux Mystères de Eleusine (les prêtres de Eleusis, le lieu d’origine de ce mythe, se décorent les vêtements avec des branches des grenadier tout au longue des Grands Mystères) et la symbolisation du voyage d’initiation, rappelé dans le cours du rite de descente dans les profondeurs de la terre.
De cette apparente contradiction entre la grenade comme symbole de la fertilité et de la mort, naît un nouveau concept, celui de la dualité. Celle dualité qui se manifeste dans plusieurs parties du travail maçonnique, du carrelage avec les mosaïques du Temple, avec des losanges blancs et noirs, aux deux colonnes, du noir et de la lumière, et jusque dans les profondeurs de chacun d’entre nous, où se passe une bataille sans cesse entre le courage et la peur, entre le bien et le mal, entre la vie et la mort.
Dans la tradition Maçonnique, dans les rites d’initiation, se souligne une autre caractéristique du fruit : les graines enfermées dans le même emballage suggère l’idée du pluralisme dans l’unité, et dans ce sens la grenade indique la loyauté, les forts liens existants entre les « frères », ou les loges distinctes d’une obédience.
Ainsi, par analogie, chaque graine peut être vue comme un franc-maçon, unique dans son identité, mais fort liée à ses frères dans une seule famille, la prospérité de celle-ci est une conséquence directe de cette union. Et comme le rôle de la graine est de se fertiliser (faire un fruit), l’abondance de celles-ci dans la pulpe de la grenade symbolise de même le souhait et la volonté des Maçons de partout de se multiplier et s’éparpiller de plus en plus. Ensemble, la multitude de graines fait allusion à la pluralité de l’apport de sciences et philosophies qui ont crée, dans le temps, une tradition compacte. Dans l’iconographie maçonnique, la grenade est partiellement épluchée, pour laisser se voir la cohésion interne, en même temps que la partie couverte de la croûte signifie le pouvoir de protection de propres idéaux des profanes qui pourront les attaquer.
On peut donc attribuer à la grenade la valeur symbolique de représentation de l’entière Maçonnerie , comme la cohésion de Frères qui, même si c’est facile de les individualiser comme être unique, sont unis par une chaîne forte et commune, non seulement comme objectif de destination (d’arrivée), mais aussi comme fonction sus individuelle, symbole de la Fraternité et de la Solidarité qui inspire le comportement des Frères pas seulement à l’intérieur de la Loge, mais aussi en dehors de celle-ci, dans les contacts des tous les jours avec le monde profane.
Mais pourquoi c’est précisément la Grenade qui appartient au symbolisme Maçonnique, quand n’importe quel autre fruit, avec beaucoup de graines dans sa pulpe, pourrait jouer le même rôle et avoir la même fonction ?
On peut trouver une première réponse dans une des descriptions du fruit, qui souligne de manière explicite la présence naturelle, à l’intérieur de celui-ci, de Loges asymétriques contenant des grains de forme (prismatica), dans lesquels se trouvent des graines extrêmement petites. Voilà donc que la nature nous offre une explication supplémentaire et à la vue en opposition avec les idées exposés antérieurement : non pas les frères sont ceux qui peuvent être individualisés en graines, mais même les Loges, logées dans des (lacasuri, genre de boites) générées par une Connaissance et une Intelligence supérieure. Par conséquence, juste à l’intérieur des graines se retrouvent les frères unis dans le travail dans la Loge. Les noyaux, contenant plusieurs graines minuscules, symbolisent non seulement la pluralité de chaque individualités des Frères, mais même la philosophie maçonnique en elle-même, qui réunit et fraternise le travail des plusieurs Loges distinctes, dans le but de promouvoir le principe de la Fraternité et Solidarité Universelle, qui est pareille même pour la plus petite graine.
Une autre réponse à cette question peut être trouvée dans la croûte du fruit, peut être la plus dure croûte parmi toutes les croûtes des fruits connus et cultivés au monde, qui enferme, protège, réunit et donne de la cohésion, étant donc comparable avec la maçonnerie en elle même.
Précisément dans la lumière de ces interprétations, on peut rajouter aux lois de la Fraternité et Solidarité antérieurement rappelées, une autre règle importante et fondamentale, qui doit être clairement définie, même si elle a été suggérée jusqu’à présent, et la quelle s’impose par l’essence et la pérennité d’un terme universel : la Tolérance.
La Tolérance permet la cohésion, la co existence harmonieuse de plusieurs Loges, et la Fraternité est sa fille, parce que cela serait absurde de penser à un rapport de Solidarité fraternelle limité exclusivement à un échange d’une expérience (endo associative). La voie du progrès spirituel a un horizon beaucoup plus large, qui se nourrit de l’Universalité et passe travers la Tolérance. Le principe qui mène à la maturation du fruit est l’unité de l’action qui étouffe les manifestations égoïstes de l’individu. Et la cohésion de plusieurs pluralités, qui contiennent, à leur tour, d’autres pluralités, et donnent une croûte dure, unique et commune à tout le monde.
Vous avez déjà regardé une grenade ?
Vous-avez déjà mangé une grenade ?
Moi, personnellement, j’avoue que j’ai découvert tard ses graines juteuses, sucrées acides, de couleur pourpre. La première fois quand j’ai reçu en cadeau une grenade, dans mon enfance, de la part d’un ami revenu d’un voyage en Caucase, je l’ai regardé étonné, et je l’ai retourné sur tous les cotés, sans que je me rende compte que j’avais à faire à un fruit. La croûte dure, jaune et avec des reflets rouges, la faisait ressembler plutôt à un moulage de plâtre. En la coupant j’ai découvert ses alvéoles asymétriques, remplies de petits grains gélatineux, que j’ai savouré tout de suite, comme une bizarre délicatesse pour laquelle j’avais l’intuition de ne plus l’a rencontrer de sitôt. Même pas aujourd’hui, quand les étagères des super marchés pleurent sous le poids des tonnes de fruits, un plus exotique que d’autre, je tombe très rarement et par hasard sur une cagette de grenades, comme si elles étaient cachées des regards et ignorées par les acheteurs… Et je me demande : il y a quelqu’un qui sait, vraiment, qu’est ce qu’une grenade, et combien d’histoires renferment sa croûte dure ?
Si on regarde dans le dictionnaire explicatif, on trouve une définition vide et banale : « la grenade est le fruit d’un arbuste (Punica granatum) de la famille de punicacés, répandu dans la région méditerranéenne et cultivé avec comme zone de prédilection un climat tempéré chaud. Ses fleurs sont rouges, et le fruit en lui même est une baie spéciale de forme sphérique, qui peut être consommée comme tel ou utilisé pour la fabrication des sirops ou gélatines( …) ». Qu’est-ce que c’est que cela ?
L’histoire nous dit que la grenade était connue et appréciée de tous les peuples antiques, par les juifs, par les égyptiens, par les phéniciens, mais, bien sur, par les grecs et romans, pour ses qualités médicinales et gastronomiques. Dans la Bible on parle très explicitement du « must de grenade », ce qui démontre que les juifs buvaient le jus de grenades après qu’ils l’aient laissé fermenter. La croûte du fruit, riche en tanin, était utilisé pour le tannage des peaux et pour donner la couleur au vin, et en médecine était connue par son pouvoir astringent, utilisé pour combattre la gastro-entérite.
Au delà de toutes ses caractéristiques, la grenade a une forte valeur symbolique, pleine de significations, et elle a été utilisée dans des contextes culturels éloignés dans le temps et l’espace. Les thèmes symboliques les plus souvent rencontrés ont été le plus souvent inspirés de la structure physique du fruit et transformé en analogies, comme ça sera la richesse, le cycle de la mort et le renaissance, la pluralité dans l’unité.
« Une sphère opaque et rugueuse (surface qui n’est pas lisse) qui enferme a l’intérieur une extraordinaire abondance de graines, sucrées et juteuses. » Le symbolisme oriental souligne cet aspect et associe le fruit avec la prospérité et la fertilité ; ainsi, la grenade, stylisé, est un motif souvent rencontré dans la décoration des murs, et il est souvent un cadeau de mariage, comme souhait de richesse et d’abondance ; même aujourd’hui, en Afrique elle est le symbole de la maternité ; en Inde, les femmes qui ont peur de ne pas pouvoir avoir d’ enfants boivent du jus de grenade ; en Grèce et en Turquie les mariées jetaient une grenade par terre et elles découvraient, en comptant les graines éparpillées du fruit écrasé, le nombre d’ enfants qu’elles allaient avoir, tandis que à Rome, les mariées se mettaient les feuilles de grenadier dans les cheveux, le jour du mariage. En Perse, l’endroit d’origine de la grenade, elle apparaît souvent dans les poèmes d’amour, associé à l’image lyrique de l’amour. Et en extrême orient, la grenade représente l’abondance, la fertilité et la fécondité ; en Chine elle était considérée comme le symbole de la postérité, en Vietnam une ancienne légende raconte à propos d’une grenade de laquelle sont sortis une centaine d’ enfants, et chez nous, dans la langue roumaine, mots comme : « roade » - fruits, « rodnic » - fructueux, « rodnicie » - fécondité (pour mieux comprendre la suite il faut savoir que grenade se dit en roumain rodie ), tire sa sève de l’arbuste avec des fruits durs. Donc, pour tous, on parle d’un concept identique, même s’il est habillé dans des formes différentes, et on ne peut pas contester le fait que la fertilité et la descendance nombreuse donne une image parfaitement adaptée au symbole de la grenade.
Certains chercheurs prétendent encore le fait que dans la mythologie traditionnelle, la grenade a été soit confondue, soit remplacée ultérieurement avec la pomme, beaucoup moins répandue dans l’architecture au proche orient et en Europe. Le jardin des Hespéride, avait des pommes d’or, Paris devait offrir une pomme à la plus belle des déesses, et Eve a offert à Adam une pomme, comme fruit de la connaissance. Mais la pomme, à cette époque, était loin d’avoir le goût et l’aspect du genre de pommes pas sauvages d’aujourd’hui : elles étaient sauvages et avec des fruits petits et rabougris, ne provoquaient même pas l’admiration, et même pas l’envie de les goûter… Comme on peut voir, la pomme, mise souvent de légende en connexion avec l’élément féminin, pourrait être en réalité une grenade…
« Comme un fil de pourpre sont tes lèvres, ta bouche est pleine de grâce et tes joues s’aperçoivent derrière la vague comme le fruit de grenade », dit la «Chanson des Chansons ». Le fruit avec des graines de couleur du rubis est rappelé à plusieurs reprises dans l’ancien Testament : des grenades mures, alternant avec des cloches d’or, décoraient la cape « sacerdotale », « l’éphod », comme est écrit dans l’Exode. La même signification de la fertilité apparaît dans la Bible dans d’autres endroits, comme par exemple quand ils parlent du Pays promis, de la terre idéale : « Ton Dieu va t’offrir la meilleure terre…avec du blé, de l’avoine et de la vigne, où poussent des figuiers, des grenadiers et des oliviers ». Peut-être que pour cela Hiram, l’architecte du temple du Salomon, a reproduit l’image sculptée des deux cents grenades tout autour des chapiteaux des deux colonnes…
Saint Grégoire de Nicée, Prêtre de l’église au 4ème siècle après le Christ, soutient que les grenades du bord des capes indiquent un mode de vie discipliné et dur, comme la croûte du fruit, en mesure de payer ceux qui le pratique avec de l’espoir, de la richesse et des cadeaux intérieurs, sucrées comme les graines enfermées dans sa pulpe, et Saint Jean de la Croix, mille deux cents ans plus tard, écrit dans « Oda spiritului (l’ode de l’esprit) » : « comme chaque grenade contient beaucoup de graines qui naissent et se développent dans sa cavité sphérique, de la même manière n’importe quelle autre caractéristique, mystère, résonnement et vertu de Dieu contient une multitude d’effets et miracles ».
Le symbolisme chrétien transforme dans le sens spirituel le motif de la richesse ; le fruit associé à l’image du Christ montre l’amour pour l’Humanité jusqu’au sacrifice suprême, comme la grenade créée des mains de la Vierge avec l’enfant dans le célèbre tableau de Botticelli. On retrouve, de même, tout au long du Moyen âge l’image de la grenade utilisée en gros autant dans les peintures que dans les arts du tissu les plus chers et précieux, destinées aux cérémonies les plus pharaoniques de la Cour des Rois et l’église. Donatello, Verrocchio, Rossellino, Piero della Francesca et les peintres qui les ont suivis, ont repris, dans leurs œuvres, le symbole de la grenade, qui est, en plus, un motif très répandu dans la décoration des sculptures, plus souvent dans celle des tombeaux et de l’architecture classique.
L’association entre la grenade et l’idée de la mort, symbolisant la renaissance, présente aussi dans l’idée du sacrifice du Christ et la promesse d’une vie éternelle, a des racines dans le monde avant la chrétienté. Dans certains rites Egyptiens funèbres sont utilisés le fruit et les graines de grenade, qui étaient mises à coté de celles parties parmi les vivants, pour l’accompagner dans le voyage dans l’autre monde. Ont été trouvées des traces du fruit dans les tombes qui datent de l’année 2500 avant le Christ, et même dans la tombe de Ramsès 6, et dans les tombes grecques ont été retrouvées des grenades en argile : la participation aux mystères implique la mort et la renaissance de l’initié.
La grenade évoque, en Grèce antique, le symbole des Mystères et, d’après Pausanias, dans la ville Argos la statue de lunone tenait dans la main une grenade et sur elle était écrit : « La signification de la grenade est un secret sacré, duquel on ne peut pas en parler ici ».
La mythologie grecque, travers Apollodore d’Athéna( siècle 2 av. Christ), associe le fruit avec Cérès ou Déméter, la déesse de l’agriculture, et sa fille Perséphone, et, à travers elles, avec la mort et la renaissance cyclique de la nature.
La légende dit que Perséphone a mangé sept graines de grenade, vues comme « nourriture de la mort », fait qui lui a attiré la punition de Zeus, qui l’a lié pour toujours a l’enfer, en l’obligeant à vivre là-bas trois mois par an : quand elle retourne sur terre, celle-ci revient à la vie, et le temps que la déesse reste sous la terre, en temps d’hiver, la grenade mûrit.
Le mythe du Perséphone ou de Proserpine, la descente en enfer, fait partie de la culture lie aux Mystères de Eleusine (les prêtres de Eleusis, le lieu d’origine de ce mythe, se décorent les vêtements avec des branches des grenadier tout au longue des Grands Mystères) et la symbolisation du voyage d’initiation, rappelé dans le cours du rite de descente dans les profondeurs de la terre.
De cette apparente contradiction entre la grenade comme symbole de la fertilité et de la mort, naît un nouveau concept, celui de la dualité. Celle dualité qui se manifeste dans plusieurs parties du travail maçonnique, du carrelage avec les mosaïques du Temple, avec des losanges blancs et noirs, aux deux colonnes, du noir et de la lumière, et jusque dans les profondeurs de chacun d’entre nous, où se passe une bataille sans cesse entre le courage et la peur, entre le bien et le mal, entre la vie et la mort.
Dans la tradition Maçonnique, dans les rites d’initiation, se souligne une autre caractéristique du fruit : les graines enfermées dans le même emballage suggère l’idée du pluralisme dans l’unité, et dans ce sens la grenade indique la loyauté, les forts liens existants entre les « frères », ou les loges distinctes d’une obédience.
Ainsi, par analogie, chaque graine peut être vue comme un franc-maçon, unique dans son identité, mais fort liée à ses frères dans une seule famille, la prospérité de celle-ci est une conséquence directe de cette union. Et comme le rôle de la graine est de se fertiliser (faire un fruit), l’abondance de celles-ci dans la pulpe de la grenade symbolise de même le souhait et la volonté des Maçons de partout de se multiplier et s’éparpiller de plus en plus. Ensemble, la multitude de graines fait allusion à la pluralité de l’apport de sciences et philosophies qui ont crée, dans le temps, une tradition compacte. Dans l’iconographie maçonnique, la grenade est partiellement épluchée, pour laisser se voir la cohésion interne, en même temps que la partie couverte de la croûte signifie le pouvoir de protection de propres idéaux des profanes qui pourront les attaquer.
On peut donc attribuer à la grenade la valeur symbolique de représentation de l’entière Maçonnerie , comme la cohésion de Frères qui, même si c’est facile de les individualiser comme être unique, sont unis par une chaîne forte et commune, non seulement comme objectif de destination (d’arrivée), mais aussi comme fonction sus individuelle, symbole de la Fraternité et de la Solidarité qui inspire le comportement des Frères pas seulement à l’intérieur de la Loge, mais aussi en dehors de celle-ci, dans les contacts des tous les jours avec le monde profane.
Mais pourquoi c’est précisément la Grenade qui appartient au symbolisme Maçonnique, quand n’importe quel autre fruit, avec beaucoup de graines dans sa pulpe, pourrait jouer le même rôle et avoir la même fonction ?
On peut trouver une première réponse dans une des descriptions du fruit, qui souligne de manière explicite la présence naturelle, à l’intérieur de celui-ci, de Loges asymétriques contenant des grains de forme (prismatica), dans lesquels se trouvent des graines extrêmement petites. Voilà donc que la nature nous offre une explication supplémentaire et à la vue en opposition avec les idées exposés antérieurement : non pas les frères sont ceux qui peuvent être individualisés en graines, mais même les Loges, logées dans des (lacasuri, genre de boites) générées par une Connaissance et une Intelligence supérieure. Par conséquence, juste à l’intérieur des graines se retrouvent les frères unis dans le travail dans la Loge. Les noyaux, contenant plusieurs graines minuscules, symbolisent non seulement la pluralité de chaque individualités des Frères, mais même la philosophie maçonnique en elle-même, qui réunit et fraternise le travail des plusieurs Loges distinctes, dans le but de promouvoir le principe de la Fraternité et Solidarité Universelle, qui est pareille même pour la plus petite graine.
Une autre réponse à cette question peut être trouvée dans la croûte du fruit, peut être la plus dure croûte parmi toutes les croûtes des fruits connus et cultivés au monde, qui enferme, protège, réunit et donne de la cohésion, étant donc comparable avec la maçonnerie en elle même.
Précisément dans la lumière de ces interprétations, on peut rajouter aux lois de la Fraternité et Solidarité antérieurement rappelées, une autre règle importante et fondamentale, qui doit être clairement définie, même si elle a été suggérée jusqu’à présent, et la quelle s’impose par l’essence et la pérennité d’un terme universel : la Tolérance.
La Tolérance permet la cohésion, la co existence harmonieuse de plusieurs Loges, et la Fraternité est sa fille, parce que cela serait absurde de penser à un rapport de Solidarité fraternelle limité exclusivement à un échange d’une expérience (endo associative). La voie du progrès spirituel a un horizon beaucoup plus large, qui se nourrit de l’Universalité et passe travers la Tolérance. Le principe qui mène à la maturation du fruit est l’unité de l’action qui étouffe les manifestations égoïstes de l’individu. Et la cohésion de plusieurs pluralités, qui contiennent, à leur tour, d’autres pluralités, et donnent une croûte dure, unique et commune à tout le monde.
Vous avez déjà regardé une grenade ?