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*** ci-dessous "Livres-mystiques".: un hommage à Roland Soyer décédé le 01 Juin 2011

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samedi 31 octobre 2009

Fernand Khnopff et les Salons de la Rose-Croix






Dans le Manifeste de 1614, la Fraternité de la Rose-Croix, semblant surgir de nulle part, s'adresse aux élites intellectuelles et morales de l'Europe par voie de manifestes. Elle constate que l'humanité accumule les progrès scientifiques et que pourtant la société se porte mal. Elle conclut à l'urgence d'une « réformation » universelle portant à la fois sur les modes de pensée, l'économie, la politique et les mœurs.



Entre 1614, année de l'apparition publique de la Fraternité de la Rose-Croix et le 19ème siècle, il n'existe pas de continuité prouvée. En dépit de vaines tentatives pour accréditer l'idée que la Rose-Croix, en particulier, se serait perpétuée depuis l'époque égyptienne.

On retrouve souvent des franc-maçons à l'origine des sociétés rosicruciennes du XIXème siècle. La première en date de ces fraternités a été fondée en 1865 en Angleterre. C'était une assemblée d'érudits versés dans la symbolique alchimique, l'hermétisme, la spiritualité égyptienne et le zoroastrisme, cette religion persane basée sur un dualisme radical du bien et du mal. Rien que de très sérieux, on l'aura compris.

En France, en 1888, le Docteur Gérard Encausse, dit Papus et Stanislas de Guaïta, féru d'occultisme, fondent l'Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix. La science des Mages et la symbolique alchimique, la Kabbale, l'initiation véritable pour entrer en contact avec ceux qui détiennent les connaissances cachées, les communications télépathiques avec le monde astral, voire le spiritisme et la magie, fascinent tout ce beau monde.

Il était dirigé par un suprême Conseil de douze membres, dont six devaient rester inconnus. Stanislas de Guaïta et Joséphin Péladan figuraient parmi les supérieurs connus. Les adeptes ne devaient connaître que les deux parrains qui les avaient fait admettre dans l'Ordre.

Suite à des rivalités internes, comme c'est trop souvent le cas dans les entreprises humaines, Joséphin Péladan fonde en 1888 l'Ordre de la Rose+Croix du Temple et du Graal. Alors que Guaïta se place sur un terrain étranger à la religion, Péladan se persuade que les générations futures célébreraient l'union du catholicisme et de l'occulte ! C'est son frère Adrien Péladan, un des premiers homéopathes français proche de la pensée du médecin « rosicrucien » Paracelse, qui l'avait instruit dans les sciences ésotériques.

En réalité, la société secrète de Péladan présente, à la lumière du XXIème siècle, tous les caractères d'un groupe spiritualiste mondain séduit par une esthétique fin-de-siècle. Péladan, habillé en mage, distribuait les grades d'écuyer, de chevalier et de commandeur.

Mais pourquoi donc cette réaction occultiste en pleine époque rationaliste ? Dans les années 1880, Jules Grévy succède à Mac-Mahon. Le nouveau Président est un ancien député de l'assemblée révolutionnaire de 1848. Dès le début de son mandat, il s'attelle à promouvoir les valeurs républicaines. Il combat le nationalisme à l'égard de l'Allemagne. Ainsi, on ne s'étonnera pas de retrouver Maurice Barrès, un ami d'enfance de Stanislas de Guaïta, du côté de la réaction et du mouvement rosicrucien. C'est l'époque où la IIIème République, la « gueuse » selon l'insulte du temps, affirme la laïcité des institutions. La maçonnerie française joue un rôle important dans la création d'un enseignement gratuit pour tous, dégagé de toute influence du pouvoir religieux. Plus grave ! La franc-maçonnerie a fait du progrès social et de la liberté absolue de conscience son cheval de bataille. En 1877, beaucoup de maçons croyants et conservateurs avaient déjà éprouvé un malaise croissant à se retrouver au sein d'un Grand Orient de France qui avait supprimé de ses statuts toute référence au Grand Architecte de l'Univers.

Les Salons Rose+Croix


Le premier Salon ouvre ses portes le 10 mars 1892 à la galerie Durant-Ruel, rue Lepelletier, à Paris. Soixante artistes ont répondu à l'appel lancé par Péladan, et le catalogue de l'exposition comprend 250 œuvres. Ceux qui souhaitent participer aux Salons ne sont pas tenus d'adhérer à l'Ordre de la Rose-Croix du Temple et du Graal. La condition unique de leur participation est que leurs œuvres répondent aux caractéristiques générales d'un règlement sévère qui bannit certaines représentations : les scènes militaires ou historiques, les représentations d'animaux domestiques et les «accessoires et autres exercices que les peintres ont d'ordinaire l'insolence d'exposer».

Le Salon est inauguré avec cérémonial, sur une musique spécialement composée par Érik Satie, le compositeur officiel de l'Ordre. Les journées sont prolongées par les «Soirées de la Rose-Croix», consacrées à la musique et au théâtre. On y écoute des conférences de Péladan sur l'art et la mystique. La musique occupe une place importante ; on vient y écouter des œuvres de Vincent d'Indy, de César Franck, de Richard Wagner, de Palestrina, d'Érik Satie et de Benedictus.

Il y eut au total six Salons de la Rose-Croix. Après le sixième Salon, en décembre 1897, Joséphin Péladan prononça la mise en sommeil de l'Ordre. Il faut dire que les autorités, qui étaient très gênées par le succès répété de chacun des Salons, faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour empêcher qu'ils ne se tiennent. On s'arrangeait pour qu'il n'y ait pas de salle disponible. Curieusement, en 1898, le mouvement symboliste commence à perdre son influence. Cette année est marquée par la mort de Gustave Moreau, de Stéphane Mallarmé, de Georges Rodenbach, de Puvis de Chavannes et de Burnes Jones.

Parmi les nombreux artistes qui participèrent à ces Salons, deux Belges :

- Jean Delville, qui se lia d'amitié avec Péladan et qui sera le Consul de la Rose-Croix en Belgique ;

- Fernand Khnopff, que Péladan considérait comme un maître. Devenu son ami, il sera le premier disciple belge de Péladan, et lors du second Salon, il exposera sa célèbre toile inspirée d'un poème de Christine Rossetti : « I lock my door upon myself ».

En 1885, alors que le jeune artiste n'est connu jusque là que pour ses portraits de la haute société bruxelloise et qu'il développe son talent de paysagiste dans les Ardennes, il illustre à deux reprises le roman « Le Vice suprême » de Joséphin Péladan qui y expose sa doctrine plus ou moins fumeuse. Khnopff indique au bas d'un des dessins « Credo ». Trois ans plus tard, il dessine le frontispice d'un autre roman de Péladan, Istar. 1888, on n'oublie pas que c'est l'année de la fondation de la société rosicrucienne de Péladan. Il faut ajouter que Khnopff a découvert à la même époque les Préraphaélites anglais. Pour ceux-ci, l'art a une mission spirituelle et se doit, tout comme la religion, de magnifier le Principe divin et d'y faire participer autrui. L'Art est la recherche de Dieu par la beauté et l'œuvre parfaite est celle qui réunit toutes les perfections. Il ne suffit pas qu'elle satisfasse seulement l'intellect ; il faut également qu'elle soit, pour celui qui la contemple, un tremplin qui permette l'élévation de l'âme. La recherche de la beauté est motivée par la nostalgie d'une harmonie perdue que l'homme recherche instinctivement en toutes choses.

Fernand Khnopff s'éloignera bientôt du Sâr Péladan. L'artiste épris de solitude n'apprécie guère le côté grandiloquent et le tapage médiatique qui accompagnent les Salons Rose+Croix.

A examiner de plus près l'évolution de l'image de la femme dans l'œuvre du peintre, on constate que 1888 constitue vraisemblablement une année charnière.

Pour Khnopff comme pour Baudelaire, la femme devient naturelle, c'est-à-dire abominable, car elle ne sait pas séparer l'âme du corps. Cette conception nouvelle dans son œuvre correspond sans doute à la redécouverte de la gnose par les sociétés rosicruciennes et, plus prosaïquement peut-être, par la perspective du mariage de sa sœur Marguerite qui quittera le domicile familial en 1890.

On appelle Gnostiques (du grec Gnôsis, connaissance) les adeptes des écoles philosophiques qui, dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, affirmaient détenir une vérité placée au-dessus de toutes les religions révélées, affranchie de tout clergé. L'idée centrale du gnosticime, sous l'influence de la Kabbale et de Platon, est que tous les esprits émanent de Dieu, se dégradent en tombent dans le « monde du mélange » mais certains esprits sont promis à se libérer de la matière et à retrouver ainsi leur pureté primitive.

Le gnostique intransigeant manifeste une répugnance invincible à l'égard des diverses manifestations de la sexualité ordinaire et même des principaux événements de la vie corporelle (naissance, mariage, vieillesse...). Pour lui, le corps est assimilé à une chose étrangère qu'il faut subir, comme une prison. Aucun lien cependant avec le christianisme qui fustige le corps pour mieux exalter les vertus du paradis et le bouddhisme qui ne se focalise pas sur le corps mais tente de maîtriser le désir qui en émane afin d'éviter la souffrance. Dans la perspective gnostique, le corps, et plus particulièrement le corps féminin, est perçu comme quelque chose de malicieux et d'horrible.

Pour contrebalancer cette misogynie, on retrouve également dans cette doctrine &endash; et dans l'œuvre du peintre - le culte de la Femme divine, de la Mère et de l'Eternel féminin : c'est la voie entre Dieu et le monde. La femme peut accélérer la déchéance du monde mais elle peut aussi le sauver. L'androgynie divine est également un thème fort présent dans la philosophie gnostique. C'est une façon de représenter l'unité primordiale qui a été perdue, l'indifférenciation sexuelle permettant d'éviter la chute dans le temps et dans un corps.

En 1902, Khnopff quitte le domicile de ses parents pour un temple atelier dédié au culte de l'artiste et de son œuvre. C'est l'époque où il hante les coulisses de la Monnaie. Maurice Kufferath lui a commandé les costumes et les décors de plusieurs opéras. Khnopff, l'artiste raffiné, marqué par l'humour anglais, séduit les jeunes cantatrices. Conséquence ? La veine artistique de la femme onirique, androgyne, tentatrice ou mystérieuse, se tarit. Comme si les passades de la Monnaie lui avaient enfin ouvert les yeux sur d'autres « mystères féminins » que ceux dont il s'était fait le grand prêtre. Désormais, ses modèles sont plus charnels, à portée de la main. Elles décochent des oeillades, elles grillent des cigarettes, elles sont polissonnes, voire complètement dénudées…

A 51 ans, l'homme n'est pourtant pas au bout de ses paradoxes : il se marie à la maison communale d'Ixelles avec une jeune veuve qui a deux enfants. Le couple se domicilie au Boulevard Général Jacques, à une centaine de mètres de l'atelier de l'avenue des Courses mais le peintre en interdit formellement l'accès à son épouse ! « Je construis mon monde et je me promène dedans » tel est son credo. La séparation est prononcée trois ans plus tard… En réalité, le Maître privilégie le culte de sa sœur qui a quitté Bruxelles depuis longtemps. Le peintre conservera jusqu'à sa mort le magnifique portrait qui la représente corsetée dans une robe quasi nuptiale et gantée de blanc pour éviter toute souillure. En retour, Marguerite reconstituera pour elle la chambre bleue de l'atelier du peintre mort en 1921.

A la fin de sa vie, on sait que Fernand Khnopff suivait l'enseignement du philosophe suédois Emmanuel Swedenborg à l'Eglise de la Nouvelle Jérusalem, à Ixelles. On y accorde une large place au mystère : un monde invisible d'intersignes et de correspondances insolites, d'anges gardiens et de démons, influence sans cesse le monde visible. La vie de l'homme, dès lors, ne se borne pas à la sphère terrestre. A la connaissance scientifique, s'oppose une connaissance intuitive fondée sur l'illumination individuelle. Mais la plupart des portraits féminins de Fernand Khnopff ne rappellent-elles pas des apparitions d'un autre monde ?

Bruges et le Graal

D'origine occitane, Péladan fut un des premiers à mettre en évidence les rapports qui existaient entre les troubadours et les Cathares et le lien entre l'emblème du Graal et la Rose-Croix.

Le Dr Gérard Encausse, qui sous le pseudonyme de Papus, joua un grand rôle dans la résurgence des mouvements rosicruciens, écrit : « Le dépôt de l'initiation occidentale a eu trois noms successifs au cours de l'Histoire : Gnostiques, Templiers et Rose-Croix ».

Les préraphaëlites anglais sont également fascinés par les légendes celtiques, la quête du Graal, les aventures du roi Arthur...ce qui les plonge dans de véritables transes de mysticisme.

Le Graal lui-même serait le résultat d'une émeraude tombée du ciel de Lucifer puis taillée en forme de coupe dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli au pied de la croix quelques gouttes de sang du Christ. Il était à la fois visible et invisible. Seuls les initiés au cœur pur ayant triomphé de toutes les épreuves pouvaient le contempler. A tous les autres, il demeurait caché.

Le cycle du Graal, qui s'ouvre sur Perceval, commencé par Chrétien de Troyes vers 1182, se distingue du précédent cycle par une inspiration nettement mystique. Il ne s'agit plus ici d'aventures et d'amour courtois, mais de quête et d'amour divin. Dans la suite du Perceval, composée par plusieurs auteurs, cette tendance mystique, étrangère à Chrétien de Troyes, qui ne parle pas de coupe mais d'un plat, va s'accentuant : on y apprend la nature du Graal, vase sacré où fut recueilli le sang du Christ et qui va faire l'objet d'une interminable quête pour les chevaliers de la Table ronde. Ni Perceval ni Lancelot, malgré leur bravoure, ne peuvent mener la Quête à son terme. Seul Galaad, fils de Lancelot, grâce à sa chasteté, parviendra à voir le Graal avant de mourir.

Chrétien de Troyes a écrit le chef-d'œuvre de la littérature arthurienne, Perceval ou le Conte du Graal, quelque part entre Bruges et Gand, autour de 1180. L'écrivain champenois venait de se mettre au service du puissant comte de Flandre Philippe d'Alsace. Celui-ci lui aurait remis un manuscrit, à charge pour le poète de l'interpréter avec panache. Le père de Philippe, Thierry d'Alsace, avait encouragé le développement de l'Ordre du Temple par des donations multiples. La tradition rapportait qu'il avait reçu des mains du Patriarche de Jérusalem quelques gouttes du sang du Christ. Selon certains historiens, la forme octogonale du beffroi rappellerait le reliquaire qui contenait le sang du Christ. Peu importe si des analyses contemporaines de l'ampoule de cristal ont démontré que les Flamands s'étaient tout simplement servis lors du sac de Constantinople en 1204. La puissante cité hanséatique a rêvé de la posséder dès la première croisade, à la fois pour des raisons mystiques &endash; la protection de la cité par le Saint-Sauveur &endash; et commerciales. Les reliques, vraies ou fausses, attiraient les pèlerins et donc les commerçants de l'Europe entière. On peut se demander si, à l'origine, la procession du Saint-Sang ne possède pas un rapport étroit avec la vision de Perceval qui voit défiler le cortège sans poser de question ? Il n'est pas sans intérêt de savoir que Richard Wagner, un des compositeurs préférés de Fernand Khnopff, s'est inspiré de la branche allemande du conte médiéval pour écrire son Parsifal.

De quoi transformer Bruges en ville éminemment mystique aux yeux de Khnopff.

Dans son Enfer, Dante lui-même, le poète préféré des Rose-Croix, n'avait-t-il pas cité en exemple la ville comme rempart contre le déluge céleste ?

Fernand Khnopff a passé son enfance, de 1860 à 1866, les yeux rivés sur le célèbre Quai Vert, vert comme l'émeraude du Graal. Il le dessinera à plusieurs reprises dans des tons extrêmement sombres. Au milieu du quai encombré de touristes en été, on découvre la maison-dieu du Pélican, le symbole de la Rose-Croix par excellence. La maison natale du peintre se trouve dans l'exact prolongement de la Chapelle du Saint-Sang et du Burg, où Chrétien de Troyes a composé le Conte du Graal, et de la cathédrale Saint-Sauveur. Elle se trouve à deux pas de l'église de Jérusalem qui aurait pour modèle l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Enfin, le plus vieil exemplaire connu et donc le plus fiable de la règle de l'Ordre du Temple se trouve à la bibliothèque de Bruges. Ce précieux manuscrit, propice à enflammer les imaginations, se trouva longtemps au refuge de l'Abbaye de la Poterie, dans le prolongement du canal qui longe la maison d'enfance de Fernand Khnopff.

Pas moins d'une trentaine d'œuvres, exécutées de mémoire ou d'après photographies, ont pour thème sa ville d'enfance. Tout ce qui rappelle le monde des humains en est soigneusement évacué, jusqu'à la statue de Memling dans le tableau « Une ville abandonnée » ! Au Lac d'Amour, Fernand Khnopff songeait-il à Lancelot du Lac et à Lohengrin, le chevalier au cygne.

Le père de Fernand Khnopff, substitut du Procureur du Roi à Bruges, appartenait à une famille de notables de la ville. Le blason familial décore d'ailleurs un des murs de l'église Notre-Dame qu'il représente à deux reprises dans son œuvre. Et Marguerite, la sœur admirée, le modèle favori du peintre, est née à Bruges (Langestraat,1). Adulte, il y reviendra à de très rares reprises, calé au fond d'un fiacre, portant des lunettes noires pour ne pas subir les changements apportés à son décor de rêve. Plus tard, il confiera ce paradoxe apparent : « Je n'ai jamais vu et ne verrai jamais les Memling de Bruges. » 1902 marque le début de la période brugeoise du peintre. Est-ce un hasard ? La même année, la première grande rétrospective consacrée à Memling se tient à l'Hôpital Saint-Jean et attire 35.000 visiteurs, nombre considérable pour l'époque. A la même période, à Bruxelles, Khnopff est occupé à dessiner les décors et les costumes de l'opéra Le Roi Arhus d'Ernest Chausson qui sera créé en 1903. Toujours le Graal… Le Théâtre de la Monnaie vient de célébrer avec faste le centenaire de cet événement musical.

On dit que les affinités entre le monde de Khnopff et de Rodenbach sont profondes, mêmes si la plupart des philologues citens davantage Maurice Maeterlinck comme frère spirituel du peintre. Bruges et la pensée mystique constituent sans doute les liens qui unissaient le peintre et le poète.

Dès 1889, le peintre exécute un pastel intitulé « Avec Georges Rodenbach. Une ville morte ». En 1890, une de ses premières œuvres symbolistes reprend le titre d'une plaquette de Rodenbach parue en 1888 : « Du Silence ».

Bruges-la-Morte paraît en feuilleton dans le Figaro un mois avant l'inauguration du premier Salon Rose+Croix de Joséphin Péladan et un an après la création de l'Ordre de la Rose+Croix du Temple et du Graal. Pour l'anecdote, plusieurs articles parus dans le grand quotidien français, pour lequel Rodenbach écrivait des chroniques littéraires, avaient annoncé avec fracas l'existence de la Fraternité.

Rappelons le canevas du récit d de Bruges-la-Morte : « Un veuf inconsolable, s'est fixé au Quai du Rosaire à Bruges. Il y mène avec sa pieuse servante une vie calme et retirée, cultivant soigneusement sa douleur et ses souvenirs. Ce n'est pas au hasard qu'il a choisi Bruges. Personnage principal et omniprésent, la ville s'associe à son chagrin, s'assimile même à l'épouse morte. Un soir, cependant, en sortant de Notre-Dame, Hugues rencontre une jeune femme inconnue dont la ressemblance avec la défunte est sidérante. Il la poursuit jusqu'au Théâtre. Il découvre que la jeune femme fait partie de la troupe qui joue Robert le Diable. Hugues Viane, tentant de retrouver en l'actrice le souvenir de celle qu'il a perdue, devient son amant. La ville austère lui reproche sa liaison... Le récit se termine dans la tragédie sur fond de procession du Saint-Sang. Bruges-la-Morte est un des premiers romans illustrés. Une des dernières photos représente le précieux reliquaire conservé dans une chapelle du Burg.

Rodenbach a situé la résidence de son héros négatif au Quai du Rosaire (Rozenhoedkaai). Des détails topographiques permettent de penser qu'il s'agit de la « Maison espagnole », à l'angle du Quai du Rosaire. Là même où en 1584 Perez de Malvenda dissimula dans un « coffret de plomb » la relique du Saint-Sang alors que les protestants contrôlaient la ville. Poursuivant l'analogie, signalons que le héros de Bruges-la-Morte conserve la chevelure de sa femme dans un reliquaire de cristal et que la procession du Saint-Sang précipite le dénouement tragique du récit ! Une inscription commémorative rédigée par... Guido Gezelle et scellée dans la façade en 1892, l'année de la parution de Bruges-la-Morte, renforce l'hypothèse de la symbolique mystique du roman. Le personnage central paie pour avoir trahi le culte de son épouse défunte et pour s'être enlisé dans l'amour charnel.

Pour conclure sur un mode plus léger, j'ai cru retrouvé la rose et la croix dans une des signatures de Fernand Khnopff qui apparaît pour la première fois dans l'esquisse du tableaux exposé au premier Salon Rose+Croix. Il s'agit d'une fleur trilobée avec au centre le F et le K entrelacés qui forment une croix ou un gamma, selon le point de vue.

Quant à Georges Rodenbach, son frère astral, on le retrouve à Paris, au cimetière du Père-Lachaise. Même s'il n'est pas signalé comme personnage illustre dans le guide officiel du Père-Lachaise, les habitués le connaissent depuis toujours sous le nom de l'homme à la rose. On le voit jaillissant du tombeau une fleur à la main. Gravée dans la pierre, on découvre une immense croix pattée, la croix que les Templiers portaient sur leur épaule gauche. L'épaule droite du poète et sa main qui tend la rose forment un angle droit ou une équerre. Le sculpteur Albert Besnard a donc réuni trois symboles qui éclairent secrètement l'œuvre mystique du chantre de Bruges.

Joël Goffin

Epilogue.

C'est l'automne, la pluie et la mort de l'année !
La mort de la jeunesse et du seul noble effort
Auquel nous songerons à l'heure de la mort :
L'effort de se survivre en l'Œuvre terminée.

Mais c'est la fin de cet espoir, du grand espoir,
Et c'est la fin d'un rêve aussi vain que les autres :
Le nom du dieu s'efface aux lèvres des apôtres
Et le plus vigilant trahit avant le soir.

Guirlandes de la gloire, ah ! vaines, toujours vaines !
Mais c'est triste pourtant quand on avait rêvé
De ne pas trop périr et d'être un peu sauvé
Et de laisser de soi dans les barques humaines.

Las ! le rose de moi je le sens défleurir,
Je le sens qui se fane et je sens qu'on le cueille !
Mon sang ne coule pas; on dirait qu'il s'effeuille...
Et puisque la nuit vient, à j'ai sommeil de mourir !

Le Règne du silence

http://users.skynet.be/fa007429/fkn2.htm

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Fernand KHNOPFF ET LES SALONS DE LA ROSE CROIX

pour les salons de la Rose-Croix voir aussi : Joséphin Péladan et les Salons de la Rose-Croix



http://www.rose-croix.org/histoire/salon_rose-croix_1.html

mardi 27 octobre 2009

Salomon alchimiste par Carl Lavoie



Bonjour,

Nous avons le plaisir de porter à votre connaissance la mise en ligne sur le site des Editions de Massanne d'un nouvel article de Carl Lavoie :


La manœuvre visant à légitimer une science en lui attribuant des textes de la plume d’auteurs réputés remonte à loin. C’est un artifice assez courant, et, de fait, la littérature alchimique n’y a pas échappé : un recensement de ses écrits pseudépigraphiques formerait peut-être même la belle part de son corpus.
Dès le XIIIe siècle, en achevant de l’intégrer aux sciences universitaires comme une discipline appartenant à la physique (au même titre que la médecine), on s’efforçât de doter l’alchimie de quartiers de noblesse. On s’appliqua notamment à la justifier en se réclamant de personnages bibliques. On ne cherchait pas alors qu’à lui donner une ascendance qui en imposerait ; on devine parfois aussi une volonté de la laver de certains soupçons (comme celui, par exemple, donnant pour origine à l’Art d’Hermès les enseignements techniques et métallurgiques prodigués par les anges déchus d’avant le Déluge1.)
Parmi ces intercesseurs invoqués dans les textes alchimiques, on tombe, ça et là, sur des références au roi Salomon. Symbole de la sagesse, comment ne pouvait-il pas jouir d’un grand prestige aux yeux des Philosophes ? On retrouve d’ailleurs dans une récente étude sur les alchimistes juifs un chapitre entier consacré à ces personnages bibliques qui furent perçus comme des alchimistes, et où on y examine quelques exemples concernant spécifiquement Salomon. Après nous avoir rappelé que le sceau de Salomon est le même symbole dont se servaient les alchimistes pour designer la Pierre philosophale, et avoir traité de plusieurs extraits de textes associant Salomon à l’hermétisme dans les traditions grecque, juive et musulmane, on y relève quelques mentions venant de l’Europe chrétienne2.

suite sur : http://www.massanne.com

Éditions de Massanne

Mas Saint Jean
Ferrières
Saint-Laurent-le-Minier
30440
France


editions@massanne.com

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+33 (0) 4 67 73 90 95

lundi 19 octobre 2009

ANTIBES-Le 29 octobre à 14:30, Ventes aux enchères : DISPERSION DE LA BIBLIOTHEQUE D'UN AMATEUR DU CAP D'ANTIBES

ANTIBES ENCHERES
8, AVENUE PASTEUR
06600 ANTIBES

LIVRES ANCIENS ET MODERNES DU XVI° AU XX° / OCCULTISME, MAGIE NOIRE, ESOTERISME, KABBALE, DEMONOLOGIE, EXORCISME, SORCELLERIE..

DISPERSION DE LA BIBLIOTHEQUE D'UN AMATEUR DU CAP D'ANTIBES

CATALOGUE EN LIGNE :


http://www.interencheres.com/ventes_aux_encheres/description_vente_aux_encheres_1clic.php?clef_etude=06008&clef_vente=200910290022

VENTE / JEUDI 29 OCTOBRE A 14H 30

EXPOSITION / JEUDI 29 OCTOBRE DE 9H A 13 H

LIEU / HOTEL DES VENTES PASTEUR, 8, AVENUE PASTEUR, 06600 ANTIBES

EXPERT / L.D ROSSIGNOL, 1, RUE JEAN DAUMAS, 06400 CANNES TEL / 06 03 62 41 72
FAX 04 94 47 43 79

LIVRES ANCIENS ET MODERNES DU XVI° AU XX° / OCCULTISME, MAGIE NOIRE, ESOTERISME, KABBALE, DEMONOLOGIE, EXORCISME, SORCELLERIE..

PAPUS / AGRIPPA / DURVILLE / GUAITA / WIRTH / DU POTET / VIGNERE / CROLL / GRILLANDU (aux Armes du Duc de la Force)/ DEL RIO / MANUSCRIT CLAVICULE DE SALOMON / EYNATTEN / ZACHARIA / GARRAFEL / MICHAELIS / KHUNRATH OUVRAGES D'ART ILLUSTRES DU XX ème DONT WILLIAM HAYTER

mardi 13 octobre 2009

« LE GRAND MANUSCRIT D’ALGER »




Après un travail acharné, quelques déboires légals, voici enfin la sortie d'un monument du genre.

« LE GRAND MANUSCRIT D’ALGER »

MAGIE ET FRANC-MAÇONNERIE AU XVIIIE SIECLE
MANUSCRIT DE L’ORDRE DES ÉLUS COËN


LE CAHIER VERT - TOME I

par Georges Courts

Préface de Rémi Boyer

http://www.cirem-martinisme.blogspot.com























Depuis le XVIIIe siècle Le Cahier Vert ou Manuscrit d’Alger, fait l’objet de bien des attentions de la part de nombreux chercheurs et éditeurs. Malgré ce, aucune édition n’avait encore vu le jour. Les Éditions Arqa sont donc heureuses de présenter, pour la première fois, dans une publication exhaustive, avec une étude critique qui fera date, ce document exceptionnel conservé à la BnF, qui met en lumière toute la théurgie des Élus Coën. Le tirage de tête relié plein cuir est numéroté à neuf exemplaires.
Thierry E Garnier
directeur des éditions Arqa

« En Occident, il existe peu d'ordres, dits initiatiques, qui présentent à la fois un véritable corpus et un ensemble de praxis aussi cohérent qu'exigeant. L'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coën de l'Univers est l'un d'eux et la publication du Cahier Vert, plus connu sous le titre de Manuscrit d'Alger, qui constitue une pièce quasi-mythique de ce corpus, est un événement éditorial. »

Rémi Boyer - Préface au Grand Manuscrit d'Alger
Georges Courts, dont la qualité du travail de recherches menées depuis tant d'années n'est plus à démontrer, et dont le nom restera notamment attaché à la découverte de celui qui fut le véritable scripteur de ce manuscrit exceptionnel - Pierre André de Grainville - nous propose ici de le suivre, entre sceaux et nuées, dans cet ouvrage d'une rare érudition. La présentation magistrale de ce document d'une extrême importance, où l'Histoire du Martinézisme se réverbère à chaque page dans une connaissance approfondie des pratiques opératives avérées de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coën, nous permet assurément de mieux cerner l'authenticité spirituelle et théurgique de cette initiation suprême. Que n'a-t-on pas dit, d'ailleurs, sur cet Ordre chevaleresque si mal connu, de son origine, et surtout de la transmission effective de ses différents états ? Autant l'avouer, c'est dans la réalité de cette « apparition », mais aussi dans la compréhension subtile qu'il s'agit également d'une « invention », à forger de ses propres armes, que se dévoile pour chacun, en la partie la plus ignée de son âme, de façon purement individuée, la réconciliation ultime du corps et de l'esprit…

1 >[Hors Collection] - Grand Format 27 x 18 Tirage épuisé
Tirage de tête limité à 9 exemplaires - Numéroté de 1 à 9.
Chaque exemplaire est signé par l’auteur - Reliure plein cuir vert émeraude foncé, dos lissé, garde marbré main, titrage & fleuron dorés à l’or fin. Carte postale collector & Marque-page.

2 >[Hors Collection] - Grand Format 27 x 18
Edition originale – tirage limité pour la première édition à 300 exemplaires
sur papier centaure ivoire - 380 pages - couverture quadrichromie.

http://thot-arqa.org/boutique/boutique.html

mercredi 7 octobre 2009

Paris- Eglise Saint Roch, un lieu fréquenté en son temps par Louis Claude de Saint Martin.

Un message de Catherine Amadou, que je m'empresse de vous transmettre, avec l'espoir que quelques amis de Paris pourront être présents.

Éternelle mémoire

Une messe à l’intention de Monsieur Louis-Claude de SAINT-MARTIN, qui se voulut le Philosophe inconnu, sera célébrée le mercredi 14 octobre 2009, à 18 h 30,
en l’église Saint-Roch, 296, rue Saint-Honoré, Paris Ier, à l’occasion du 206e anniversaire de son entrée dans la Lumière sans déclin, le 14 octobre 1803.

Vous êtes invités à venir prier pour lui et avec lui.

Catherine Amadou

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Saint Roch et son chien





















" Un jour, à St-Roch, j'assistai au renouvellement des vœux de baptême que l'on fit faire aux enfants des deux sexes qui avaient fait leur première communion dans la quinzaine de Pâques. Cette cérémonie me causa beaucoup d'attendrissement, et me parut propre à opérer même sur les gens âgés de très salutaires impressions. En général, lorsque l'on considère l'Église dans ses fonctions, elle est belle et utile. Elle ne devrait jamais sortir de ces limites-là. Par ce moyen elle deviendrait naturellement une des voies de l'esprit."
Louis Claude de Saint Martin (1743-1803).
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Roch_(Paris)

lundi 5 octobre 2009

Xavier Cuvelier-Roy vous informe de sa dernière mise à jour :



Des nouveautés ajoutées à l'étude Le Traité, des manuscrits aux éditions.

Un nouveau manuscrit du Traité sur la réintégration des êtres (Inventeur Cyvard Mariette).

Un édition en langue russe (Découverte de Michelle Nahon).
Une nouvelle édition française (Editions Castelli).
à consulter, soit sur :

- Philosophe Inconnu / http://www.philosophe-inconnu.com

- Maitres/traites_mp1.htm

http://www.cuvelier-roy.com

UN DICTIONNAIRE DU MARTINISME ( essai sur ) par Richard Raczynski



Le martinisme est un courant de pensée ésotérique, rattaché à la mystique judéo-chrétienne. Ce courant de pensée remonte à Joachim Martinès de Pasqually, fondateur en 1761, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers, puis à son secrétaire, Louis-Claude de Saint-Martin, dit « le philosophe inconnu , célèbre par son livre Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers (1782).

Le mot « martinisme » joue donc habilement sur les noms propres « Martinès » et « Saint-Martin ».

Il faudra attendre 1887 et Papus, pour voir un système s’ériger sur les fondements de la pensée de Saint-Martin, et reprendre à son compte, le nom Martiniste en y ajoutant ordre.

Papus, en plaçant le Martinisme sur le terrain de la chevalerie morale, recadrait l’héritage du Philosophe Inconnu, en revenant sur le rôle des Chevaliers fervents du Christ (les Martinistes), délimitant de fait, une frontière spirituelle et morale.

Des centaines de noms, de lieux, de revues, de mouvements ou d’associations liés au martinisme… Pour chaque personne, date et lieu de naissance et de décès, profession, grades acquis dans les diverses associations initiatiques fréquentées, éviction, bibliographie, ouvrages publiés…

Ce dictionnaire contient les notices biographiques d’acteurs du Martinisme historique, dont l’appartenance à ce mouvement a été publiquement reconnue.

Certaines personnalités sensibles à l’intérêt suscité par cette mouvance spiritualiste figurent également dans cet ouvrage afin de rapporter leurs observations et leurs témoignages.

- Chaque notice s’appuie sur des sources historiques indexées en bibliographie

- La graphie Coen (s) ou Cohen (s) s’applique en fonction du corpus initial

- Notices sur les Ordres et Associations

- Liste des notices par ordre alphabétique

- Index des noms propres (hors notice biographique particulière)


« Pour vous, hommes de paix, hommes de désir, ne vous découragez point. Il existe encore parmi les ministres de notre Dieu, des hommes qui suivent eux-mêmes les traces des vrais prophètes, la sainte charité de notre maître et les lumières de ses disciples. Attachez-vous à ces hommes choisis et assez heureux pour avoir fidèlement répondu à leur élection ils vous amèneront par les humbles sentiers de l'Ecce Homo au terme de votre régénération, qui est celui de votre destination primitive. »
Ecce Homo de Louis-Claude de Saint-Martin.

« Que l'homme assoiffé s'approche, que l’ homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement. »
(Apocalypse, 22-17).

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Rendons grâce à Richard Raczynski de nous révéler dans ce Dictionnaire du Martinisme, le premier du genre, non seulement les noms de ces hommes que nous devons suivre pour être guidés sur le chemin de la régénération permettant notre Réintégration, mais encore les symboles et les outils du Martinisme qui ont été mis à notre disposition dans cette même finalité.

Ce dictionnaire, et ce n'est pas là son moindre mérite, n'oublie pas non plus toute la mouvance ésotérique qui entoure le Martinisme l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers et le grade de Réau+Croix, l'Ordre de la Stricte Observance Templière, l'Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, etc. Tous ces Ordres initiatiques, toujours vivants, et je suis là pour en témoigner, délivrent le même message de l’ illuminisme maçonnique, le retour à la source Première, le retour à Dieu.

On l’ aura compris, si notre rôle ici-bas, nous Fils de la Lumière est de remonter vers le soleil spirituel, vers la réintégration, c’ est que nous sommes tombés dans l’ obscurité, devenant Fils des Ténèbres ou mieux, Fils de la Ténèbre, victimes d’ une chute provoquée par notre orgueil et notre attirance à connaître aussi le Mal. En effet, nous avons perdu notre état originel en nous incorporant dans la matière. Notre seule Liberté est, dès lors , de dégager la réalité spirituelle qui nous enferme pour permettre à notre étincelle divine de rejoindre son élément Premier.

Pour cela, les chemins qui s’ ouvrent devant nous sont de trois ordres : celui du prophète, la théurgie (grec theos, « Dieu », et ergon, « action », du prêtre, le sacerdoce (latin sacerdos, « prêtre » et du roi, l’ alchimie (arabe al-kimiya, « chimie de Al (Dieu) ».Cette dernière science se partageant en voie externe et en voie interne.

Et c'est lors de notre voyage vers les étoiles que, tel le nouveau pharaon intronisé roi, prêtre et prophète, ressuscitant et incarnant le dieu Horus, les dieux nous reconnaîtront car, comme l'écrit Clive Staples Lewis (1898-1963), ils pourront nous regarder face à face car nous aurons retrouvé notre visage.

Cette doctrine est incontestablement gnostique (grec gnosis, « connaissance »), car il s'agit bien d'une doctrine qui prône le salut de l'homme par le rejet de la matière, tributaire des forces du Mal, et qui enseigne la connaissance supérieure des choses divines. Celle-ci aurait déjà fait partie de l'enseignement secret de Jésus-Christ, le jésus historique et non celui de la Foi, donné à certains de ses apôtres, comme le laissent croire les évangiles gnostiques aussi anciens que les évangiles du Nouveau Testament.

D'ailleurs, dans l'évangile canonique de Saint Mathieu (13,11), n'est-il pas dit :« C'est que ...à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, tandis qu’ à ces gens-là cela n'a pas été donné. »
Quoiqu'il en soit, le Martinisme, doctrine gnostique, a deux pères fondateurs : Martines de Pasqually (1710-1779) et Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803). L'heureux jeu de mots sur Martines et Saint-Martin engendrera l'appellation Martinisme.

On rajoutera aussi, hasard ou jeu divin, Saint-Martin de Tours (v315-397), le saint patron protecteur, celui qui partage son manteau avec un indigent (latin indigere, « avoir besoin »). Le symbolisme de ce manteau de protection, celui de la Sagesse, qui permet de se retirer du monde matériel pour se rapprocher du Divin est toujours très présent chez les héritiers actuels du « théurge inconnu » et du « philosophe inconnu ».

Parmi les disciples et continuateurs, nous retrouvons principalement Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), joseph de Maistre (1753-1821) et plus près de nous Gérard Encausse dit Papus (1865-1916), le créateur de l'Ordre Martiniste en 1891. Ce dernier fera ressortir la spécificité de cette spiritualité qui est de s'appuyer dans sa démarche active sur des techniques pratiques. Avec Martines de Pasqually, il s'agira des rituels théurgiques, avec Saint-Martin, de la prière.

C'est avec beaucoup d'humilité que je reconnais avoir eu le privilège de fréquenter depuis mai 1972, lors de mon entrée dans le Martinisme, plus particulièrement dans l'Ordre Martiniste Traditionnel (O.M.T), à l'Ordre Martiniste (O.M.), puis à l'Ordre Martiniste Initiatique (O.M.I.), des êtres d'exception, en ne citant que les disparus, devenus à leur tour nos maîtres passés : Adrienne Serventie, Philippe Encausse, Robert Ambelain, Serge Hutin, jean Phaure, Jean¬Pierre Bayard, Robert Amadou, Gérard Kloppel, etc. Certains ont été des amis très proches. Nous avons hérité du lourd fardeau de leur suc¬céder. Ne les décevons pas car ils sont vivants avec nous.

Pour terminer, je raconterai une anecdote qui mieux que de longs discours éclaire l'état d'esprit qui doit être le nôtre, nous qu'on reconnait comme martiniste. Lors d'une tenue à l'Ordre Martiniste, un nouveau « Supérieur Inconnu » (troisième degré de l'initiation martiniste s'enorgueillissait de son nouveau titre, Philippe Encausse, le fils de Papus, lui dit d'une voix douce et ferme :

« Mon frère, si je peux me permettre, le S.I. de ton nouveau sautoir ne veut pas dire « Supérieur Inconnu» mais « Serviteur Inconnu ».

Il aurait pu rajouter cette parole de l'Apocalypse (22,9) :
« Attention, je suis un serviteur comme toi et tes frères les prophètes ».


Encore merci à Richard Raczynski, dont les ouvrages précédents nous ont montré le talent, d'avoir su peindre le portrait du Martinisme, sans complaisance mais avec ressemblance, passion et véracité. Ce travail d'érudit, fruit de recherches inédites et approfondies, aidera les hommes de désir à emprunter le chemin qui conduit sur le Mont Tabor de notre aventure spirituelle. Là, ils revêtiront à nouveau leur corps de gloire à l'instar du Fils de Dieu qui « fut transfiguré devant eux :

son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. » (Matthieu, 17,2).


Préface de Michel Gaudart de Soulages,
Grand Maître du Suprême Conseil Martiniste
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Richard Raczynski nous propose Un Dictionnaire du Martinisme (Dualpha, 2009), le tout premier du genre. Sans être un ouvrage de pure érudition, ce Dictionnaire est loin de tomber pour autant dans le genre de la vulgarisation : les notices sont sûres et bien documentées pour la plupart et quelques-unes reposent sur des informations inédites, de première main, notamment pour la période récente.

suite sur le blog-notes de Serge Caillet, un historien de l' occultisme :

http://sergecaillet.blogspot.com

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Un Dictionnaire du Martinisme
Auteur[s] : Richard Raczynski
Éditeur : Dualpha : http://www.dualpha.com
Date : 10/06/2009
Pages : 686

Collection : L'Insolite
Dimensions (cm) : 15 x 21
Autre : Illustrations : Noir et blanc. Broché
ISBN/EAN : 9782353741267

dimanche 4 octobre 2009

L'actualité martiniste de l'automne 2009 est marquée par deux événements liés à Martinès de Pasqually.

L'actualité martiniste de l'automne 2009 est marquée par deux événements liés à Martinès de Pasqually.
Le premier concerne la traduction en langue russe du Traité sur la réintégration.
Le second se rapporte à l'annonce de la découverte d'un nouveau manuscrit du Traité par Mariette Cyvard.
A cette occasion Xavier Cuvelier-Roy vient de procéder à une mise à jour de son article :
Le traité sur la réintégration des êtres :
des manuscrits aux éditions.
pour la suite : cliquer sur : http://www.philosophe-inconnu.com