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*** ci-dessous "Livres-mystiques".: un hommage à Roland Soyer décédé le 01 Juin 2011

*** ci-dessous "Livres-mystiques".:  un hommage à Roland Soyer décédé le 01 Juin 2011
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mardi 28 avril 2015

Dix prières
attribuées à Louis Claude de Saint-Martin
( texte intégral de la première édition)


Prière 1 –
Source éternelle de tout ce qui est, toi qui envoies aux prévaricateurs des esprits d’erreur et de ténèbres qui les séparent de ton amour. Envoie à celui qui te cherche un esprit de vérité qui le rapproche de toi pour jamais. Que le feu de cet esprit consume en moi jusqu’aux moindres traces du vieil homme, et qu’après l’avoir consumé, il fasse naître de cet amas de cendres, un nouvel homme sur qui ta main sacrée ne dédaigne plus de verser l’onction sainte. Que ce soit là le terme des longs travaux de la pénitence, et que ta vie universellement une transforme tout mon être dans l’unité de ton image, mon cœur dans l’unité de ton amour, mon action dans une unité d’œuvres de justice, et ma pensée dans une unité de lumières. Tu n’imposes à l’homme de grands sacrifices que pour le forcer à chercher en toi toutes ses richesses et toutes ses jouissances, et tu ne le forces à chercher en toi tous ces trésors, que parce que tu sais qu’ils sont les seuls qui puissent le rendre heureux, et que tu es le seul qui les possède, qui les engendre et qui les crée. Oui, Dieu de ma vie, ce n’est qu’en toi que je peux trouver l’existence et le sentiment de mon être. Tu as dit aussi que c’était dans le cœur de l’homme que tu pouvais seulement trouver ton repos ; n’interromps pas un instant ton action sur moi, pour que je puisse vivre, et en même temps pour que ton nom puisse être connu des nations ; tes prophètes nous ont enseigné que les morts ne pouvaient te louer ; ne permets donc jamais à la mort de m’approcher : car je brûle de rendre ta louange immortelle, je brûle du désir que le soleil éternel de la vérité ne puisse reprocher au cœur de l’homme d’avoir apporté le moindre nuage et causé la moindre interruption dans la plénitude de ta splendeur. Dieu de ma vie, toi que l’on prononce et tout s’opère, rends à mon être ce que tu lui avais donné dans son origine, et je manifesterai ton nom aux nations, et elles rapprendront que toi seul es leur Dieu et la vie essentielle, comme le mobile et le mouvement de tous les êtres. Sème tes désirs dans l’âme de l’homme, dans ce champ qui est ton domaine et que nul ne peut te contester, puisque c’est toi qui lui as donné son être et son existence. Sèmes-y tes désirs, afin que les forces de ton amour l’arrachent en entier aux abîmes qui le retiennent et qui voudraient l’engloutir pour jamais avec eux. Abolis pour moi la région des images ; dissipe ces barrières fantastiques qui mettent un immense intervalle et une épaisse obscurité entre ta vive lumière et moi, et qui m’obombrent de leurs ténèbres. Approche de moi le caractère sacré et le sceau divin dont tu es le dépositaire, et trans-mets jusqu’au sein de mon âme le feu qui te brûle, afin qu’elle brûle avec toi, et qu’elle sente ce que c’est que ton ineffable vie et les intarissables délices de ton éternelle existence. Trop faible pour supporter le poids de ton nom, je te remets le soin d’élever en entier l’édifice, et d’en poser toi-même les premiers fondements au centre de cette âme que tu m’as donnée pour être comme le chandelier qui porte la lumière aux nations, afin qu’elles ne restent pas dans les ténèbres. Grâces te soient rendues, Dieu de paix et d’amour ! Grâces te soient rendues de ce que tu te souviens de moi, et de ce que tu ne veux pas laisser languir mon âme dans la disette ! Tes ennemis auraient dit que tu es un père qui oublie ses enfants, et qui ne peut pas les délivrer.

Prière 2 –
J’irai vers toi, Dieu de mon être ; j’irai vers toi, tout souillé que je suis ; je me présenterai devant toi avec confiance. Je m’y présenterai au nom de ton éternelle existence, au nom de ma vie, au nom de ta sainte alliance avec l’homme ; et cette triple offrande sera pour toi un holocauste d’agréable odeur sur lequel ton esprit fera descendre son feu divin pour le consumer et retourner ensuite vers ta demeure sainte, chargé et tout rempli des désirs d’une âme indigente qui ne soupire qu’après toi. Seigneur, Seigneur, quand entendrai-je prononcer au fond de mon âme, cette parole consolante et vive avec laquelle tu appelles l’homme par son nom, pour lui annoncer qu’il est inscrit dans la milice sainte, et que tu veux bien l’admettre au rang de tes serviteurs ? Par la puissance de cette parole sainte, je me trouverai bientôt environné des mémorials éternels de ta force et de ton amour, avec lesquels je marcherai hardiment contre tes ennemis, et ils pâliront devant les redoutables tonnerres qui sortiront de ta parole victorieuse. Hélas, Seigneur, est-ce à l’homme de misère et de ténèbres à former de pareils vœux et à concevoir de si superbes espérances ! Au lieu de pouvoir frapper l’ennemi, ne faut-il pas qu’il songe lui-même à en éviter les coups ? Au lieu de paraître, comme autrefois, couvert d’armes glorieuses, n’est-il pas réduit comme un objet d’opprobre, à verser des pleurs de honte et d’ignominie dans les profondeurs de sa retraite, n’osant pas même se montrer au jour ? Au lieu de ces chants de triomphe qui autrefois devaient le suivre et accompagner ses conquêtes, n’est-il pas condamné à ne se faire entendre que par des soupirs et par des sanglots ? Au moins, Seigneur, fais-moi une grâce, c’est que toutes les fois que tu sonderas mon cœur et mes reins, tu ne les trouves jamais vides de tes louanges et de ton amour ; je sens, et je voudrais ne jamais cesser de sentir, que ce n’est point assez du temps entier pour te louer ; et que, pour que cette œuvre sainte soit accomplie d’une manière qui soit digne de toi, il faut que tout mon être soit saisi et mû par ton éternité ; permets donc, ô Dieu de toute vie et de tout amour, permets à mon âme de chercher à fortifier sa faiblesse dans ta puissance ; permets-lui de former avec toi une ligue sainte qui me rende invincible aux yeux de mes ennemis, et qui me lie tellement à toi par les vœux de mon cœur et du tien, que tu me trouves toujours aussi ardent et aussi empressé pour ton service et pour ta gloire, que tu l’es pour ma délivrance et pour mon bonheur.


Prière 3 –
Epoux de mon âme, toi par qui elle a conçu le saint désir de la sagesse, viens m’aider toi-même à donner la naissance à ce fils bien-aimé que je ne pourrai jamais trop chérir. Dès qu’il aura vu le jour, plonge-le dans les eaux pures du baptême de ton esprit vivifiant, afin qu’il soit inscrit sur le livre de vie, et qu’il soit reconnu pour jamais comme étant au nombre des fidèles membres de l’Eglise du Très-Haut. En attendant que ses faibles pieds aient la force de le soutenir, prends-le dans tes bras comme la mère la plus tendre, et préserve-le de tout ce qui pourrait lui nuire. Epoux de mon âme, toi que l’on ne connaît jamais, si l’on n’est humble, je rends hommage à ta puissance, et je ne veux pas confier à d’autres mains que les tiennes, ce fils de l’amour que tu m’as donné. Soutiens-le toi-même, lorsqu’il commencera à former ses premiers pas. Quand il sera dans un âge plus avancé et susceptible de l’entendre, instruis-le de l’honneur qu’il doit à son père, pour qu’il obtienne de longs jours sur la terre ; inspire-lui le respect et l’amour pour la puissance et les vertus de celui qui lui a donné l’être. Epoux de mon âme, inspire-moi la première à nourrir continuellement ce fils chéri de ce lait spirituel que tu formes toi-même dans mon sein ; que je ne cesse de contempler dans mon fils l’image de son père, et dans son père l’image de mon fils, et de tous ceux que tu peux engendrer en moi dans le cours non-interrompu de toutes les éternités. Epoux de mon âme, toi que l’on ne connaît jamais, si l’on n’est sanctifié, sers à la fois de mentor et de modèle à ce fils de ton esprit, afin que dans tous les temps et dans tous les lieux, ses œuvres et son exemple annoncent et manifestent sa céleste origine ; tu poseras ensuite toi-même sur sa tête la couronne de gloire, et il sera pour les peuples un monument éternel de la majesté de ton nom. Epoux de mon âme, telles sont les délices que tu prépares à ceux qui t’aiment et qui cherchent à s’unir à toi. Périsse à jamais celui qui voudrait m’engager à te préférer un autre époux ! Epoux de mon âme, prends-moi toi-même pour ton propre fils ; que lui et moi nous ne fassions qu’un à tes yeux, et verse abondamment sur l’un et sur l’autre, les grâces que nous ne pouvons tous deux recevoir que de ton amour. Je ne puis plus vivre, si tu n’accordes à la voix de mon fils et à la mienne de s’unir ensemble pour chanter éternellement tes louanges, et pour que nos cantiques soient comme des fleuves intarissables engendrés sans cesse par le sentiment de tes merveilles et de ton ineffable puissance.


Prière 4 –
Seigneur, comment oserais-je me regarder un instant sans frissonner d’horreur sur ma misère ! J’habite au milieu de mes propres iniquités qui sont les fruits de mes abus dans tous les genres, et qui sont devenus comme mon vêtement ; j’ai abusé de toutes mes lois, j’ai abusé de mon âme, j’ai abusé de mon esprit, j’ai abusé et j’abuse journellement de toutes les grâces que ton amour ne cesse journellement de répandre sur ton ingrate et infidèle créature. C’est à toi que je devais tout offrir et tout sacrifier, et je ne devais rien offrir au temps qui est devant tes yeux, comme les idoles, sans vie et sans intelligence, et cependant je ne cesse d’offrir tout au temps, et rien à toi ;et par là je me précipite d’avance dans l’horrible abîme de la confusion qui n’est occupée qu’au culte des idoles, et où ton nom n’est pas connu. J’ai fait comme les insensés et les ignorants du siècle qui emploient tous leurs efforts pour anéantir les redouta-bles arrêts de la justice, et faire en sorte que cette terre d’épreuve que nous habitons ne soit plus à leurs yeux une terre d’angoisse, de travail et de douleur. Dieu de paix, Dieu de vérité, si l’aveu de mes fautes ne suffit pas pour que tu me les remettes, souviens-toi de celui qui a bien voulu s’en charger et les laver dans le sang de son corps, de son espritet de son amour ; il les dissipe et les efface, dès qu’il daigne en faire approcher sa parole. Comme le feu consume toutes les substances matérielles et impures, et comme ce feu qui est son image, il retourne vers toi avec son inaltérable pureté, sans conserver aucune empreinte des souillures de la terre. C’est en lui seul et par lui seul que peut se faire l’œuvre de ma purificationet de ma renaissance ; c’est par lui que tu veux opérer notre guérison et notre salut, puisqu’en employant les yeux de son amour qui purifie tout, tu ne vois plus dans l’homme rien de difforme, tu n’y vois plus que cette étincelle divine qui te ressemble et que ta sainte ardeur attire perpétuellement à elle comme une propriété de ta divine source. Non, Seigneur, tu ne peux contempler que ce qui est vrai et pur comme toi ; le mal est inaccessible à ta vue suprême. Voilà pourquoi l’homme méchant est comme l’être dont tu ne te souviens plus, et que tes yeux ne sauraient fixer, puisqu’il n’a plus aucun rapport avec toi ; et voilà cependant cet abîme d’horreur où je n’ai pas craint de faire mon séjour. Il n’y a pas d’autre alternative pour l’homme : s’il n’est perpétuelle-ment plangé dans l’abîme de ta miséricorde, c’est l’abîme du péché et de la misère qui l’inonde ; mais aussi, il n’a pas plutôt détourné son cœur et ses regards de cet abîme d’iniquité, qu’il retrouve cet océan de miséricorde dans lequel tu fais nager toutes tes créatures. C’est pourquoi je me prosternerai devant toi dans ma honte et dans le sentiment de mon opprobre ; le feu de ma douleur desséchera en moi l’abîme de mon iniquité, et alors il n’existera plus pour moi que le royaume éternel de ta miséricorde.


Prière 5-
Ôte-moi ma volonté, Seigneur, ôte-moi ma volonté ; car si je peux un seul instant suspendre ma volonté devant toi, les torrents de ta vie et de ta lumière entreront en moi avec impétuosité, comme n’y ayant plus d’obstacle qui les arrête. Viens m’aider toi-même à briser ces funestes barrières qui me séparent de toi ; arme-toi contre moi-même, afin que rien en moi ne résiste à ta puissance, et que tu triomphes en moi de tous tes ennemis et de tous les miens, en triomphant de ma volonté. Ô principe éternel de toute joie et de toute vérité, quand est-ce que je serai renouvelé au point de ne me plus apercevoir moi-même que dans la permanente affection de ta volonté exclusive et vivifiante ? Quand est-ce que les privations en tout genre me paraîtront un profit et un avantage, en ce qu’elles me préservent de tous les esclavages, et me laissent plus de moyens de me lier à la liberté de ton esprit et de ta sagesse ? Quand est-ce que les maux me paraîtront une faveur de ta part, comme autant d’occasions de remporter des victoires, et de recevoir de ta main les couronnes de gloire que tu distribues à tous ceux qui combattent en ton nom ? Quand est-ce que tous les avantages et les joies de cette vie, me paraîtront autant de pièges que l’ennemi ne cesse de nous dresser pour établir dans nos cœurs un Dieu de men-songe et de séduction, en place du Dieu de paix et de vérité qui devrait toujours y régner ? Enfin, quand est-ce que le saint zèle de ton amour et l’ardeur de mon union avec toi me domineront jusqu’à donner avec délices ma vie, mon bien-être et toutes les affections étrangères à ce but exclusif de l’existence de l’homme qui est ta créature, et que tu as chéri jusqu’à vouloir l’aider par ton exemple, en te donnant toi-même tout entier pour lui. Non, Seigneur, celui qui n’est pas emporté par ce saint dévouement n’est pas digne de toi, et il n’a pas encore fait le premier pas dans la carrière. La connaissance de ta volonté et le soin du serviteur fidèle de ne jamais s’en séparer un seul instant, voilà l’unique et véritable lieu de repos pour l’âme de l’homme ; il ne peut en aborder sans être sur le champ rempli de délices, comme si tout son être était renouvelé et revivifié dans toutes ses facultés, par les sources de ta propre vie ; il ne peut s’en écarter, sans se voir sur le champ livré à toutes les horreurs de l’incertitude, des dangers et de la mort. Hâte-toi, Dieu de consolation, Dieu de puissance ; hâte-toi de faire descendre dans mon cœur un de ces purs mouvements divins pour établir en moi le règne de ton éternité, et pour résister cons-tamment et universellement à toutes les volontés étrangères qui viendraient se réunir pour le combattre dans mon âme, dans mon esprit et dans mon corps. C’est alors que je m’abandon-nerai à mon Dieu dans la douce effusion de ma foi, et que je publierai ses merveilles. Les hommes ne sont pas dignes de tes merveilles, ni de contempler la douceur de ta sagesse et la profondeur de tes conseils ! Mais suis-je digne moi-même de prononcer de si beaux noms, vil insecte que je suis, et qui ne mérite que les vengeances de la justice et de la colère ? Seigneur, Seigneur, fais reposer un instant sur moi l’étoile de Jacob,et ta sainte lumière s’établira dans ma pensée, comme ta volonté pure dans mon cœur.

 – Prière 6 –
Ecoute, mon âme, écoute, et console-toi dans ta détresse : Il y a un Dieu puissant qui veut se charger du soin de guérir toutes les plaies. Il est le seul, oui, il est le seul qui ait ce suprême pouvoir, et il ne l’exerce qu’envers ceux qui l’en reconnaissent comme le possesseur et comme le jaloux administrateur. Ne va point à lui sous un déguisement comme la femme de Jéroboam, que le prophète Akia accabla de reproches ; vas-y plutôt avec l’humilité et la confiance que doit te donner le sentiment de tes effroyables maux, et de l’universelle puissance de celui qui ne veut point la mort du pécheur, puisque c’est lui qui a créé les âmes. Laisse au temps accomplir sa loi sur toi, dans tout ce qui tient au temps ; n’accélère point son œuvre par tes désordres ; ne la retarde point par tes désirs faux et tes vaines spéculations qui sont le partage de l’insensé. Mais uniquement occupé de ta guérison intérieure et de ta délivrance spirituelle, rassemble soigneusement le peu de forces que chaque degré du temps développe en toi ; sers -toi de ces secrets mouvements de la vie, pour te rapprocher chaque jour de plus en plus de celui qui voudrait déjà te posséder dans son sein, et te faire partager avec lui, la douce liberté d’un être qui jouit pleinement de l’usage de toutes ses facultés, sans jamais connaître aucun obstacle. Dans les moments où ces heureux élans s’empareront de toi, soulève-toi sur ton lit de douleurs, et dis à ce Dieu de miséricorde et de toute-puissance : Jusqu’à quand, Seigneur, laisserez-vous languir dans l’esclavage et dans l’opprobre, cette antique image de vous-même que les siècles ont pu ensevelir sous leurs décombres, mais qu’ils n’ont jamais pu effacer ? Elle a osé vous méconnaître dans ces temps où elle habitait dans la splendeur de votre gloire ; et vous, vous n’avez eu autre chose à faire, que de fermer sur elle l’œil de votre éternité ; et dès l’instant elle s’est trouvée plongée dans les ténèbres, comme dans un abîme. Depuis cette lamentable chute, elle est devenue journellement la risée de tous ses ennemis ; ils ne se contentent pas de la couvrir de leurs dérisions ; ils l’infestent de leurs venins ; ils la chargent de chaînes, pour qu’elle ne puisse pas se défendre, et pour qu’ils aient plus de facilité à diriger sur elle leurs flèches empoisonnées. Seigneur, Seigneur, cette longue et humiliante épreuve n’est-elle pas suffisante, pour que l’homme reconnaisse ta justice et rende hommage à ta puissance ? Cet amas infect des dédains et des mépris de son ennemi, n’ a – t- il pas séjourné assez longtemps sur cette image de toi-même pour lui dessiller les yeux, et la convaincre de ses illusions ? Ne crains-tu pas qu’à la fin ces substances corrosives n’effacent entièrement son empreinte, et la rendent absolument méconnaissable ? Les ennemis de ta lumière et de ta sagesse ne manqueraient pas de confondre cette longue chaîne de mes opprobres avec ton éternité même ; ils croiraient que leur règne d’horreur et de désordre est la seule et réelle demeure de la vérité ; ils croiraient l’avoir emporté sur toi et s’être emparé de ton royaume. Ne permets donc pas, ô Dieu de zèle et de jalousie, que ton image soit profanée plus longtemps. Ta propre gloire me touche encore plus que mon propre bonheur qui ne serait pas fondé sur ta propre gloire. Lève-toi de ton trône immortel, de ce trône où repose ta sagesse, et qui est tout resplendissant des merveilles de ta puissance ; entre un instant dans la vigne sainte que tu as plantée de toute éternité ; prends un seul grain de ce raisin vivifiant qu’elle ne cesse de produire ; presse-le de ta main divine, et fais couler sur mes lèvres le jus sacré et régénérateur qui seul peut réparer mes forces ; il humectera ma langue desséchée ; il descendra jusque dans mon cœur ; il y portera la joie avec la vie ; il pénétrera tous mes membres ; il les rendra sains et robustes, et je paraîtrai vif, agile et vigoureux, comme je l’étais le premier jour que je sortis de tes mains. C’est alors que tes ennemis, déçus dans leurs espérances, rougiront de honte, et frissonneront de frayeur et de rage, de voir que leurs efforts contre toi auront été vains, et que ma sublime destinée aura atteint son accomplissement, malgré leurs audacieuses et opiniâtres entreprises. Ecoute donc, ô mon âme, écoute et console-toi dans ta détresse : Il y a un Dieu puissant qui veut se charger du soin de guérir toutes les plaies.
Prière 7 –
Je viens me présenter aux portes du temple de mon Dieu, et je ne quitterai point cette humble place de l’indigent, que le père de ma vie ne m’ait distribué mon pain de chaque jour. Le voici qui s’avance, ce pain de chaque jour ; je l’ai reçu, je l’ai goûté, et je veux annoncer sa douceur aux races futures. L’éternel Dieu des êtres ; le titre sacré qu’il a pris pour se faire connaître aux nations visibles et invisibles ; celui qui s’est fait chair ; l’esprit de celui au nom de qui tout doit fléchir le genou au ciel, sur la terre et dans les enfers : voilà les quatre éléments immortels qui composent ce pain de chaque jour. Il se multiplie sans cesse comme l’immensité des êtres qui s’en nourrissent, et à quelque terme que parvienne leur nombre, ils ne pourront jamais en diminuer l’abondance, ni se trouver dans la disette ; ce pain de chaque jour a développé en moi les germes éternels de ma vie et les a mis à même de faire passer dans mon sang la sève sacrée de mes racines originelles et divines. Les quatre éléments qui le composent ont fait disparaître du chaos de mon cœur les ténèbreset la confusion ; ils y ont rétabli une vivante et sainte lumière, au lieu de la froide obscurité qui l’enveloppait ; leur force créatrice m’a transformé dans un nouvel être, et je suis devenu le dépositaire et l’administrateur de leurs saints caractères et de leurs signes vivifiants. Alors, pour manifester la gloire de celui qui a choisi l’homme comme son ange et son ministre, je me suis présenté à toutes les régions ; j’ai considéré et comme passé en revue tous les ouvrages de ses mains, et j’ai distribué sur chacun d’eux ces caractères qu’il avait imprimés sur moi pour les transmettre à toutes ses créatures, et pour leur confirmer les propriétés et la puissance du nom qu’elles avaient reçues. Je n’ai point borné mon ministère à agir ainsi sur les ouvrages réguliers de l’éternelle sagesse ; je me suis approché de tout ce qui était difforme, et j’ai laissé tomber sur ces fruits du désordre les signes de justice et de vengeance attachés aux secrets pouvoirs de mon élection. Ceux de ces fruits que j’ai pu arracher à la corruption, je les ai offerts en holocauste au Dieu suprême, et j’ai composé mes parfums des pures louanges de mon esprit et de mon cœur, afin que tout ce qui respire reconnaisse qu’à ce seul Dieu suprême sont dus tous les hommages, toute la gloire et tous les honneurs, comme étant l’unique source de toute puissance et de toute justice ; et je lui ai dit dans les transports de mon amour : Heureux l’homme, puisque tu as bien voulu le choisir pour en faire le siège de ton autorité, et le ministre de ta gloire dans l’univers ! Heureux l’homme, puisque tu as permis qu’il sentît jusque dans les profondeurs de ton essence, la pénétrante activité de ta vie divine ! Heureux l’homme, puisque tu as permis qu’il osât t’offrir un sacrifice de reconnaissance puisé dans le sentiment ineffable de toutes les vertus de ta sainte universalité.
Il ne vous a pas traitées ainsi, puissances terrestres, puissances de l’univers : il vous a rendues les simples agents de ses lois et les forces opérantes de l’accomplissement de ses desseins ; aussi n’y a-t-il pas un être dans la nature, n’y a-t-il pas un être parmi vous qui ne le seconde dans son œuvre, et qui ne coopère à l’exécution de ses plans. Mais il ne s’est point fait connaître à vous comme le Dieu de paix et comme le Dieu d’amour ; et, lors même qu’il vous donna l’existence, vous étiez encore assez agitées par les suites de la rébellion, puisqu’il recommanda à l’homme de vous soumettre et de vous dominer. Bien moins encore, puissances perverses et corrompues, vous a-t-il traitées avec les mêmes faveurs dont il lui a plu de combler l’homme. Vous n’avez pas su conserver celles qu’il vous accorda par votre origine ; vous avez eu l’imprudence de croire qu’il pouvait y avoir pour vous un plus beau sort, un privilège plus glorieux, que d’être l’objet de sa tendresse, et dès lors vous n’avez plus mérité que d’être l’objet de sa vengeance. C’est l’homme seul à qui il confie les trésors de sa sagesse ; c’est dans cet être, selon son cœur, qu’il a mis toute son affection et tous ses pouvoirs. Il lui a dit en le formant: « Répands sur tout l’univers l’ordre et l’harmonie dont je t’ai permis de puiser les principes dans ma propre source ; il ne peut me connaître que par la régularité de mes œuvres et la fixité de mes lois ; il ne peut être initié dans les mystères de mon sanctuaire ; il n’a en lui que la mesure de mes puissances, c’est à toi de les exercer dans tous ses domaines, puisque c’est par les actes seuls de mes puissances qu’il peut savoir qu’il y a un Dieu. Pour mes ennemis, lance sur eux tous les traits de ma colère, ils sont encore plus loin de moi que les puissances de la nature, et la sainteté de ma gloire ne me permet plus de me manifester à eux que par le poids de ma justice. Toi seul, homme, toi seul réuniras désormais aux dons de mes puissances et de ma justice, celui de pouvoir sentir les vivantes délices de mon amour, et de les faire partager à ceux qui s’en rendront dignes. C’est pour cela que je t’ai formé seul à mon image et à ma ressemblance ; car l’être qui n’aime point, ne pourrait pas être à mon image. C’est de ce trône sacré où je t’ai placé, comme un second Dieu, que je verrai se répandre sur tout ce qui est sorti de mes mains, les divers attributs de mon être, et tu me seras cher au-dessus de toutes les productions, puisque si je t’ai choisi pour être mon organe universel, il n’y aura plus rien de moi qui ne soit connu. »
Souverain auteur de mon esprit, de mon âme et de mon cœur, sois béni à jamais dans toutes les régions et dans tous les siècles, pour avoir permis que l’homme, cette ingrate et criminelle créature, pût recouvrer des vérités aussi sublimes. Il s’en était rendu indigne par son crime ; et si le souvenir de ton antique et sainte alliance n’eût engagé ton amour à les lui rendre, elles seraient demeurées éternellement perdues pour lui. Louanges et bénédictions à celui qui avait formé l’homme à son image et à sa ressemblance, et qui, malgré tous les efforts et les triomphes des enfers, a su le réhabiliter dans sa splendeur, dans la sagesse et dans les félicités de son origine. Amen.


Prière 8 –
Unissons-nous, hommes de paix, hommes de désirs ; unissons-nous pour contempler dans un saint tremblement l’étendue des miséricordes de notre Dieu, et disons-lui en commun que toutes les pensées des hommes, tous leurs désirs les plus purs, toutes leurs actions les plus régulières, ne pourraient ensemble approcher du moindre acte de son amour. Comment pourrions-nous donc exprimer cet amour, lorsqu’il ne se borne point à des actes particuliers et d’un moment, mais qu’il développe à la fois tous ses trésors, et cela d’une manière constante, universelle et imperturbable. Oui, Dieu de vérité et de charité inépuisable, voilà comment tu en agis journellement avec l’homme ! Qui suis-je ? Un vil amas de dégoûtantes ordures qui ne répandent en moi et autour de moi que l’infection. Eh bien ! c’est au milieu de cette infection que ta main infatigable se plonge sans cesse, pour trier le peu qui reste encore en moi de ces éléments précieux et sacrés dont tu formas ton existence. Telle que cette femme soigneuse qui dans l’Evangile consume sa lumière, pour retrouver la drachme qu’elle a perdue, tu ne cesses de tenir tes lampes allumées, et tu te courbes continuellement jusqu’à terre, espérant toujours que tu vas retrouver dans la poussière cet or pur qui s’est échappé de tes mains. Hommes de paix, comment ne contemplerions-nous pas dans un saint tremblement l’étendue des miséri-cordes de notre Dieu ? Nous sommes mille fois plus coupables envers lui, que ces malfaiteurs, selon la justice humaine, qui sont conduits au travers des villes et dans les places publiques, couverts de tous les signes de l’infamie, et que l’on force de confesser hautement leurs crimes aux pieds des temples et de toutes les puissances qu’ils ont méprisées. Nous devrions comme eux, et avec mille fois plus de justice qu’eux, être traînés ignominieusement au pied de toutes les puissances de la nature et de l’esprit ; nous devrions être amenés comme des criminels devant toutes les régions de l’univers, tant visibles qu’invisibles, et recevoir en leur présence, les terribles et honteux châtiments que méritent avec justice nos effroyables prévarications ; mais au lieu d’y trouver des juges redoutables, armés de la vengeance, qu’y rencontrons-nous ? Un roi vénérable dont les yeux annoncent la clémence, et dont la bouche ne cesse de prononcer le pardon pour tous ceux qui seulement veulent bien ne point s’aveugler au point de ne se pas croire innocents. Loin de vouloir que nous portions plus longtemps les vêtements de l’opprobre, il ordonne à ses serviteurs de nous rendre notre première robe, de nous mettre un anneau au doigt et des souliers à nos pieds, et, pour le déterminer à nous combler de pareilles faveurs, il suffit que, comme de nouveaux enfants prodigues, nous reconnaissions ne pas pouvoir trouver dans la maison des étrangers le même bonheur que dans la maison de notre père. Hommes de paix, comment ne contemplerions-nous pas dans un saint tremblement l’étendue de l’amour et des miséricordes de notre Dieu ! et comment ne formerions-nous pas une sainte résolution de rester à jamais fidèles à ses lois et aux bienfaisants conseils de sa sagesse ? Non, je ne peux aimer que toi, Dieu incompréhensible dans ton indulgence et dans ton amour ; je ne veux plus aimer que toi, puisque tu m’as tant pardonné ; je ne veux plus trouver d’autre lieu de repos que le sein et le cœur de mon Dieu. Il embrasse tout par sa puissance, et quelque mouvement que je fasse, je trouve partout un appui, un secours et des consolations, parce que sa source divine verse partout à la fois tous ces biens. Il s’élance lui-même dans le cœur de l’homme, il ne s’y élance pas une seule fois, mais constamment et par des actes réitérés. C’est par là qu’il engendre et multiplie en nous sa propre vie, parce qu’à chacun de ces actes divins, il établit en nous des rayons purs et extraits de sa propre essence, sur lesquels il aime à se reposer, et qui deviennent en nous les organes de ses générations éternelles. De ce foyer sacré, il envoie dans toutes les facultés de notre être de semblables émanations qui, à leur tour, répétant sans cesse leur action dans tout ce qui nous compose, multiplient ainsi continuellement notre activité spirituelle, nos vertus et nos lumières. Voilà pourquoi il est si utile de lui élever un temple dans notre cœur. Ô hommes de paix, ô hommes de désirs, unissons-nous pour contempler dans un saint tremblement l’étendue de l’amour, des miséricordes et des puissances de notre Dieu.

Prière 9 –
Seigneur, comment nous serait-il possible ici-bas de chanter les cantiques de la Cité sainte ? Est-ce du milieu des torrents de nos larmes que nous pouvons faire entendre les chants de la joie et de la jubilation ? Si j’ouvre la bouche pour en former les premiers sons, les sanglots m’oppressent et je ne puis laisser échapper que des soupirs et que les accents de la douleur ;et souvent même ces sanglots s’étouffent dans mon sein, ou bien nulle oreille charitable n’est près de moi pour les entendre et m’apporter du soulagement. Je me sens accablé par l’étendue et la longueur de mes souffrances, et le crime ne cesse de se présenter à moi, pour m’annoncer que dans un instant la mort va le suivre et glacer tout mon être par la froideur de ses poisons ; déjà elle s’est emparée de tous mes membres, et je touche au moment d’être délaissé comme le cadavre qui vient d’expirer, et que les serviteurs abandonnent à la putréfaction. Cependant, Seigneur, puisque tu es la source universelle de tout ce qui existe, tu es aussi la source de l’espérance ; et si ce rayon de feu ne s’est point encore éteint dans mon cœur, je tiens encore à toi, je suis encore lié à ta vie divine par cette immortelle espérance qui découle continuellement de ton trône. J’ose donc t’implorer du sein de mes abîmes ; j’ose appeler à mon secours ta main bienfaisante pour qu’elle daigne s’employer à ma guérison. Comment est-ce qu’elles s’opèrent les guérisons du Seigneur ? C’est par la docile soumission aux sages conseils de ce médecin divin. Il faut que je prenne avec reconnaissance et avec un ardent désir, le breuvage amer que sa main me présente ; il faut que ma volonté concoure avec celle qui l’anime pour moi ; il faut que la longueur et les souffrances du traitement ne me fassent pas repousser le bien que veut me faire ce suprême auteur de tout bien ; il se pénètre du sentiment de mes douleurs, je n’ai autre chose à faire que de me pénétrer du sentiment de son charitable intérêt pour moi. C’est par là que la coupe du salut me sera profitable ; c’est alors que ma langue reprendra sa force, et que je chanterai les cantiques de la Cité sainte. Seigneur, quel sera mon premier cantique ? Il sera tout entier à l’honneur et la gloire de celui qui m’aura rendu la santé et qui aura opéré ma délivrance. Je le chanterai ce cantique depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher ; je le chanterai par toute la terre, non seulement pour célébrer la puissance et l’amour de mon libérateur, mais pour communiquer à toutes les âmes de désir et à toute la famille humaine, le moyen certain et efficace de recouvrer à jamais la santé et la vie. Je leur apprendrai que par là, l’esprit de sagesse et de vérité se reposera sur leur propre cœur, et les dirigera dans toutes leurs voies. Amen.


Prière 10 –

Auras-tu la force, ô mon âme, de contempler l’énormité de la dette que l’homme coupable a contractée envers la Divinité ? Mais, si tu as eu celle de te livrer au crime, tu peux bien en considérer toute l’horreur. Mesure donc par la pensée le champ du Seigneur ; rappelle-toi que l’homme devait en être le cultivateur ; tâche de te faire une idée de l’immensité des fruits qui auraient dû s’y produire par tes soins ; songe que toutes les créatures qui sont sous le ciel attendaient de ta soigneuse culture leur subsistance et leur soutien ; songe que les champs du Seigneur attendaient de toi leur ornement et leur parure ; songe que le Seigneur lui-même attendait de ta vigilance et de ta fidélité, la gloire et la louange que devait lui attirer l’accomplissement de ses desseins ; songe que toutes ces choses devaient s’opérer par toi sans aucune interruption. Tu es tombé, tu as laissé l’ennemi prendre empire sur toi et corrompre tes voies. Dès l’instant, tu as rendu stérile la terre du Seigneur ; tu as plongé le cœur de Dieu dans la tristesse. Dès ce même instant, tu as comme tari la source de la sagesse et de la moisson dans ce bas monde ; et, depuis cette fatale époque, tu arrêtes chaque jour toutes les productions du Seigneur ; contemple à présent l’énormité de ta dette ; contemple l’impossibilité où tu es de l’acquitter, et frissonne jusque dans les derniers replis de ton être. Tu dois les fruits de chaque année, depuis le moment de ton infidélité ; tu dois la dîme de toutes les heures qui se sont écoulées depuis l’heure fatale ; tu dois tout ce que ces mêmes fruits et cette même dîme auraient rapporté dans les mains où tu aurais dû les déposer ; tu dois tous les fruits que tu empêcheras de croître jusqu’à la consommation des siècles. Quel est donc l’être qui aurait pu jamais t’acquitter envers la justice éternelle, envers cette justice dont les droits ne peuvent s’abolir et dont les plans ne peuvent manquer d’arriver à leur terme et à leur accomplissement ? C’est ici, Dieu suprême, que se manifestent les torrents de ta miséricorde et l’abondance intarissable de tes éternels trésors ; ici, ton cœur divin s’est ouvert sur ta malheureuse créature, et non seulement ses redevances ont été acquittées, mais elle s’est trouvée encore assez riche pour pouvoir venir au secours de l’indigent. Tu as dit à ton verbe de venir cultiver lui-même le champ de l’homme. Ce verbe sacré, dont l’âme est l’amour, est descendu vers ce champ frappé de stérilité. Il a consumé par le feu de sa parole toutes les plantes parasites et vénéneuses qui s’y étaient semées ; il y a semé en place le germe de l’arbre de vie ; il a ouvert les canaux des fontaines salutaires, et les eaux vives sont venues l’arroser ; il a rendu la force aux animaux de la terre, l’agilité aux oiseaux du ciel ; il a rendu la lumière aux flambeaux célestes, le son et la voix à tous les esprits qui habitent la sphère de l’homme ; et il a rendu à l’âme de l’homme cet amour dont il est lui-même la source et le foyer, et qui a dirigé son saint et admirable sacrifice. Oui, éternel Dieu de toute louange et de toute grâce, il n’y avait qu’un être puissant, comme ton fils divin, qui pût ainsi réparer nos désordreset nous acquitter envers ta justice. Il n’y avait que l’être créateur qui pût payer pour nous ce que nous avions entièrement dissipé, puisqu’il fallait pour cela qu’il se fît une nouvelle création. Puissances universelles, si vous vous sentez si disposées à chanter ses louanges, pour vous avoir rétablies dans vos droits, et pour vous avoir rendu votre activité, quelles actions de grâces ne lui dois-je donc pas, pour s’être lui-même rendu caution de toutes mes dettes envers lui, envers vous, envers tous mes frères, et pour les avoir acquittées ? Il est dit de la femme pénitente, que parce qu’elle avait beaucoup aimé, on lui avait beaucoup pardonné. A l’homme on lui a tout remis, on a tout payé pour lui, non seulement avant qu’il ait commencé d’aimer, mais même lorsqu’il était plongé dans les horreurs de l’ingra-titude et comme glacé toute entiers maintenant à celui qui a commencé par nous pardonner tout. Chaque mouvement de notre Dieu doit être un mouvement universel, et qui se fasse sentir dans toutes les régions de tous les univers. Qu’à l’exemple de ce Dieu suprême, l’amour fasse un mouvement universel dans tout notre être, et embrasse à la fois toutes les facultés qui nous composent. Amen.