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*** ci-dessous "Livres-mystiques".: un hommage à Roland Soyer décédé le 01 Juin 2011

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jeudi 21 janvier 2016

LES INCROYABLES HISTOIRES DE MEURTHE-ET-MOSELLE NANCY : LE TEMPLE MAÇONNIQUE DÉVOILE SES MYSTÈRES Le décor égypto-Art Nouveau de la loge Saint-Jean-de-Jérusalem vient d'être restauré.



Il est bien caché au premier étage d’un bâtiment, en fond de cour, rue Drouin. Il est vrai que le temple de la loge maçonnique Saint-Jean-de-Jérusalem a subi des actes de malveillance, à plusieurs reprises, dans son histoire. Mais, curieusement, c’est la fumée des 3 à 5 tonnes de bougies, consumées en un siècle, qui avait masqué l’extraordinaire décor du temple aux yeux des frères. Il vient d’être restauré par Emilie Checroun et ressuscite les figures allégoriques de femmes peintes en 1899 par deux artistes nancéiens Henri Maclot et Paul Martignon. Le premier a été l’élève d’Alexandre Cabanel et le second a fréquenté l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy, dans la classe de Larcher. Tous deux ont fait partie du cercle des artistes de l’Ecole de Nancy : Weissenburger, Jacques Grüber, Louis Majorelle et les autres. Ils ont représenté, dans un style égypto-Art Nouveau, sur des toiles marouflées, la Force, la Justice, l’Espérance, la Concorde…

Poils pubiens
Au nettoyage, la Vérité est apparue avec des poils pubiens. « Un tag des années 1950 », fait remarquer Jean-Claude Couturier, l’historien de la loge. La restauratrice les a « rasés ». Dans l’abside, le décor est totalement égyptien et encadre une verrière avec le sphinx de Gizeh surmonté du triangle maçonnique. Le plafond est tout aussi remarquable avec des vitraux représentant des scarabées et le zodiaque. Ils sont l’œuvre du maître-verrier Paul Nicolas, disciple d’Emile Gallé et lui-même franc-maçon. Quant à Gallé, qu’on a longtemps prétendu maçon, son nom a été rajouté, avec d’autres patronymes de notables nancéiens, par des profanes, sur un panneau qui avait été volé, pour gêner les familles.

Dommages collatéraux
Car la vie du temple n’a pas été un long fleuve tranquille. Au lendemain du vote de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, en 1905, il a subi les « dommages collatéraux » du refus de l’évêque d’ouvrir la cathédrale pour que les représentants de l’Etat procèdent à l’inventaire des biens de l’Eglise. Le préfet a envoyé la troupe. Des paroissiens très en colère s’en sont pris, en représailles, au temple qu’ils ont saccagé et pillé. Il a fallu attendre 2006 pour que l’abbé Stelly, directeur de la bibliothèque diocésaine, où étaient entreposés ces biens maçonniques, réussisse à convaincre l’évêque de restituer les archives et objets du temple. Durant la Seconde Guerre mondiale, le décor du temple avait été protégé parce que la secrétaire du préfet avait badigeonné, à la hâte, les peintures d’un marron bien couvrant.

Colonnes à roulettes
Reste aujourd’hui à restaurer deux tentures encadrant la porte flanquée de deux colonnes sur roulettes et le ciel encore maculé par la fumée des bougies et cigarettes.

Les frères ont décidé d’ouvrir leur temple à la visite sur inscription préalable, lors des Journées du patrimoine. L’occasion de découvrir ce lieu unique et de se familiariser avec la symbolique maçonnique.

Les colonnes encadrant la porte sont marquées de deux lettres : J pour rappeler que c’est devant cette colonne que les apprentis venaient toucher leur salaire ; B pour les compagnons. Or, selon les rites, le J et le B sont à gauche ou à droite et le temple accueille 17 loges de trois obédiences : le Grand Orient de France, le Droit humain (mixte) et la Grande Loge féminine de France.

La Sagesse coiffée d’un casque, appuyée sur une lance et la poitrine couverte d’une armure se livrera aux non initiés à la rentrée de septembre lors des Journées du Patrimoine.

La Gazette lorraine, revue trimestrielle illustrée qui fête ses 25 ans consacre un grand article, abondamment illustré, au temple de la loge sous la plume d’Arnaud Gentit. Au sommaire également, un dossier sur les Ecrivains combattant en Lorraine pendant la Grande Guerre. La Gazette lorraine n° 97 est disponible en kiosque au prix de 5,50 €.
Didier HEMARDINQUER