dimanche 24 octobre 2010
6 / PRIERES DE LOUIS-CLAUDE de SAINT-MARTIN (1743-1803
Écoute, mon âme, écoute, et console-toi dans ta détresse :
Il y a un Dieu puissant qui veut se charger du soin de guérir toutes les plaies.
Il est le seul, oui, il est le seul qui ait ce suprême pouvoir, et il ne l'exerce qu'envers ceux qui l'en reconnaissent comme le possesseur et comme le jaloux administrateur. Ne va point à lui sous un déguisement comme la femme de Jéroboam, que le prophète Akia accabla de reproches ; vas-y plutôt avec l'humilité et la confiance que doit te donner le sentiment de tes effroyables maux, et de l'universelle puissance de celui qui ne veut point la mort du pécheur, puisque c'est lui qui a créé les âmes. Laisse au temps accomplir sa loi sur toi, dans tout ce qui tient au temps ; n'accélère point son oeuvre par tes désordres ; ne la retarde point par tes désirs faux et tes vaines spéculations qui sont le partage de l'insensé. Mais uniquement occupé de ta guérison intérieure et de ta délivrance spirituelle, rassemble soigneusement le peu de forces que chaque degré du temps développe en toi ; sers toi de ces secrets mouvements de la vie, pour te rapprocher chaque jour de plus en plus de celui qui voudrait déjà te posséder dans son sein, et te faire partager avec lui, la douce liberté d'un être qui jouit pleinement de l'usage de toutes ses facultés, sans jamais connaître aucun obstacle. Dans les moments où ces heureux élans s'empareront de toi, soulève-toi sur ton lit de douleurs, et dis à ce Dieu de miséricorde et de toute-puissance Jusqu'à quand, Seigneur, laisserez-vous languir dans l'esclavage et dans l'opprobre, cette antique image de vous-même que les siècles ont pu ensevelir sous leurs décombres, mais qu'ils n'ont jamais pu effacer ? Elle a osé vous méconnaître dans ces temps où elle habitait dans la splendeur de votre gloire ; et vous, vous n'avez eu autre chose à faire, que de fermer sur elle l'oeil de votre éternité, et dès l'instant elle s'est trouvée plongée dans les ténèbres, comme dans un abîme. Depuis cette lamentable chute, elle est devenue journellement la risée de tous ses ennemis ; ils ne se contentent pas de la couvrir de leurs dérisions ; ils l'infestent de leurs venins ; ils la chargent de chaînes, pour qu'elle ne puisse pas se défendre, et pour qu'ils aient plus de facilité à diriger sur elle leurs flèches empoisonnées. Seigneur, Seigneur, cette longue et humiliante épreuve n'est elle pas suffisante, pour que l'homme reconnaisse ta justice et rend hommage à ta puissance ? Cet amas infect des dédains et des mépris de son ennemi, n'a-t-il pas séjourné assez longtemps sur cette image de toi-même pour lui dessiller les yeux, et la convaincre de ses illusions ? Ne crains-tu pas qu'à la fin ces substances corrosives n'effacent entièrement son empreinte, et la rendent absolument méconnaissable ? Les ennemis de ta lumière et de ta sagesse ne manqueraient pas de confondre cette longue chaîne de mes opprobres avec ton éternité même ; ils croiraient que leur règne d'horreur et de désordre est la seule et réelle demeure de la vérité ; ils croiraient l'avoir emporté sur toi et s'être emparé de ton royaume. Ne permets donc pas, ô Dieu de zèle et de jalousie, que ton image soit profanée plus longtemps. Ta propre gloire me touche encore plus que mon propre bonheur qui ne serait pas fondé sur ta propre gloire. Lève-toi de ton trône immortel, de ce trône où repose ta sagesse, et qui est tout resplendissant des merveilles de ta puissance ; entre un instant dans la vigne sainte que tu as plantée de toute éternité ; prends un seul grain de ce raisin vivifiant qu'elle ne cesse de produire ; presse-le de ta main divine, et fais couler sur mes lèvres le jus sacré et régénérateur qui seul peut réparer mes forces ; il humectera ma langue desséchée ; il descendra jusque dans mon coeur ; il y portera la joie avec la vie ; il pénétrera tous mes membres ; il les rendra sains et robustes, et je paraîtrai vif, agile et vigoureux, comme je l'étais le premier jour que je sortis de tes mains. C'est alors que tes ennemis, déçus dans leurs espérances, rougiront de honte, et frissonneront de frayeur et de rage, de voir que leurs efforts contre toi auront été vains, et que ma sublime destinée aura atteint son accomplissement, malgré leurs audacieuses et opiniâtres entreprises.
Ecoute donc, ô mon âme, écoute et console-toi dans ta détresse :
Il y a un Dieu puissant qui veut se charger du soin de guérir toutes les plaies.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire