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*** ci-dessous "Livres-mystiques".: un hommage à Roland Soyer décédé le 01 Juin 2011

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dimanche 3 mars 2019

source.: Mariette Cyvard "maitrespasses] mdp et Baron

  1906 André baron (louis daste) 

les sociétés secrètes


Les rites évocatoires capables de provoquer les apparitions des êtres de l’Au-Delà, la magie, la sorcellerie, tel est le fond de la Franc-Maçonnerie des Elus Cohens fondée par le juif portugais Mar[268]tinès de Pasqually qui broda sur la trame swedenborgienne[1].

Voici ce qu’écrit à son sujet le Grand Maitre actuel des Martinistes

« En 1754, Martinès de Pasqually, initié aux Mystères de la Rose-Croix, avait établi à Paris un centre d’Illùminisme. Le recrutement des Frères était très méticuleux et les travaux poursuivis portaient sur l’étude de la Magie, sur le rituel des évocations d’esprit. » (De l’État des Sociétés Secrètes l’époque de la Révolution Française, par Papus, Président du Suprême Conseil de l’Ordre Martiniste, Délégué Général de l’ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, Paris, 1894, p. 7).


L’Ange du F\ Martinès de Pasqually. 


Dans un autre ouvrage de M. Papus, L’Illuminisme en France Martinès de Pasqually, sa vie, ses pratiques magiques1[2]…, se trouvent des lettres extrêmement curieuses de Martinès. De deux d’entre elles, il résulte qu’il pratiquait ou affectait de pratiquer le Catholicisme, ainsi que les Albigeois et certains Israélites espagnols et portugais faussement convertis.

« Je vous fais part, T (rès) P (vissant) Maitre, écrit Martinès à l’un de ses adeptes, que le fils que Dieu m’a donné a été reçu Grand Maitre Coën le dimanche dernier après son baptême à la 7e heure du dernier horizon solaire, conformément à nos lois, assisté par quatre de mes anciens coëns simples nommés ci-dessus. » (Lettre du 20 juin 1768, v. M. Papus, loc. cit., p. 27).

[269]

Dans l’autre lettre (du 23 janvier 1769), où se trouve aussi un passage ayant trait à la religion de Martinès, sont narrées les péripéties singulières de la grande trahison du Maitre du Guers, un adepte qui essayait de se faire passer pour le seul Grand-Maître de l’Ordre Martiniste,



« Les opérations[3] 1 », nous dit M. Papus, avaient, parait-il, manifesté par des signes patents l’indignité de du Guers qui s’était retiré hors séance « couvert de honte et de confusion ». (M. Papus, Martinès. p. 35).

Ce du Guers semble bien être l’un de ces trafiquants de grades maçonniques qui pullulaient à cette époque. Martinès l’habille de la belle façon « Ce monstre, dit-il, fit un complot entre plusieurs polissons et autres Maçons que j’avais chassés jadis de mon ancien Temple pour surprendre la mauvaise foi de Messieurs les Magistrats et leur justice par de fausses accusations qu’il porta contre moi... (même lettre Martinès. p. 36).

« … Voyant que cet homme persistait à faire des démarches pour tâcher de me nuire… en vérité, je ne pus m’empêcher de dévoiler à MM. les magistrats mon escroc et mon chevalier errant. Je détaillai à M. d’Arche, jurat, les motifs qui avaient engagé cet homme d’agir aussi atrocement, soit contre moi, l’ordre ou ses principaux chefs. Sur mon exposé, M. d’Arche l’envoya chercher et lui fit part qu’il l’avait renvoyé ci être jugé par devant notre tribunal secret, et qu’étant accusé de vives prévarications dans l’Ordre, il ne convenait point faire de conflit de juridiction… » (même lettre Martinès. p. 38).

[270]

M. Papus admire « cette sentence d’un juge qui reconnaît la validité. d’un tribunal secret ». Il nous est impossible de, partager son admiration… Il fallait, nous semble-t-il, qu’il y eût quelque chose de pourri en France, pour qu’un magistrat pût, rendre avec cette inconscience un arrêt de cette espèce ! un arrêt légalisant parle fait une sentence attendue d’un tribunal occulte, qui fonctionne au sein d’une Société Secrète dont l’existence même était un défi aux lois, aux « justes lois », comme dirait le F (Joseph Reinach !



« Ce qui fut dit fut fait, (continue le triomphant Martinès) ; nous lui fimes son procès et fut donné arrêt par le tribunal secret le 5 janvier 1769… Le lendemain au matin, je fus moi-même porter l’arrêt à M. d’Arches à qui je fis la lecture qu’il trouva bien et digne des prévarications de cet homme inique. (id. – loc. cit., p. 39).



Nous venons de voir un juge extraordinaire ; voici venir un Curé d’une naïveté lamentable :

Enfin, (poursuit Martinès), cet homme se voyant définitivement découvert, s’en fut avec sa clique chez le Curé de ma paroisse lui dire que j’étais un apostat, et que j’enseignais, sous prétexte de Maçonnerie, une secte contraire à la religion chrétienne[4]1. Ayant eu vent de cela, je me transportai chez mon curé et lui demandai ce qui avait été dit de la part de ce drôle contre moi. Il ne m’en fit point mystère, il me dit tout. Et je lui fis voir qui j’étais dans ma religion, mes certificats de catholicité et mes devoirs exacts et essentiels d’un zélé chrétien et il fut convaincu de la vérité que je [271] lui dis, de même que du faux exposé de ce monstre. »

(Id. loc. cit., p. 39).

Nous verrons plus tard si le curé bordelais avait raison de considérer comme un bon catholique le Kabbaliste Martinès. En attendant, nous voici arrivés à un passage admirable, où la Magie martiniste se montre sous un jour particulier :

« Lorsqu’il fut entièrement informé de l’un et de l’autre, cet escroc imposteur, voyant qu’il ne pouvait réussir en ses forfaits, il prit le parti de venir chez moi un jour que j’étais en campagne chez M. de Brulle, garde du Roi, notre émule, pour tâcher de faire sentir aux P (uissants) Maîtres de Grainville et de Balzac la douleur qu’il ressentait d’avoir perdu leur amitié et estime, et qu’à moi il aurait où il me tuerait d’un coup de pistolet. Mon ange tutélaire le suivait pour lors pour pisser dans le bassinet (sic)…

Cet inique fut s’affilier dans des loges bâtardes et apocryphes » (Lettre de Martinès – 23 janv. 1769 Martinès... p. 40).



On conçoit que pour avoir à leur service des Esprits aussi avisés que « l’ange tutélaire » de Martinès, les Elus Coëns ne devaient reculer devant aucune opération magique si pénible, si étrange, si effrayante qu elle fût. »

Les opérations magiques des Martinistes.


Arrivons au cœur de la sorcellerie des Martinistes leur chef actuel s’exprime comme il suit dans l’ouvrage (cité tout à l’heure) qu’il a consacré en première ligne à Martinès de Pasqually [272] et en deuxième ligne Claude de Saint-Martin et à Willermoz, les deux autres grands Apôtres du Martinisme :



« Entrer en communication avec l’Invisible, tel est le premier résultat obtenu par l’Illuminé (Martinès… Papus, p. 73.)

« Martinès… initia progressivement Willermoz, mais ce n’est qu’avec un respect mêlé d’effroi qu’il parlera de cette influence spirituel, de cette action du Monde Invisible que le pauvre disciple (Willermoz) mettra tant d’années à percevoir, de ce grand Mystère toujours désigné sous le nom énigmatique de « la Chose ». Martinès… Papus, p. 73)[5]1.

Dans les premières séances, les nouveaux disciples admis à prendre part aux travaux du Maitre verront la Chose accomplir de mystérieuses actions, dit encore le Gr. M. actuel du Martinisme. Ils sortiront de là enthousiasmés et terrifiés, comme Saint-Martin, ou ivres d’orgueil et d’ambition comme les disciples de Paris[6]2.



Précisant encore, le Grand Maitre du Martinisme moderne ajoute :

« Des apparitions se sont produites, des êtres étranges d’une essence différente de la nature humaine terrestre ont pris la parole et proféré de profonds enseignements, et chaque disciple est appelé à reproduire seul et par lui-même les mêmes phénomènes (p. 74).

« Les expériences, commencent mais on veut aller [273] trop vite, on veut éviter les entraînements fatigants, et tout échoue. Alors, on accuse le Maitre, on s’en prend à Martinès des insuccès et des déboires, et Martinès répond très sincèrement « Mais, cher Maitre, si c’était moi qui dirigeais le monde invisible, ma plus grande ambition aurait été de vous satisfaire. Mais que puis-je vous dire ? « La Chose » demande des preuves sûres et très sérieuses d’un dévouement sans borne. Le jour où vous en serez digne, les phénomènes viendront. »

C’est en effet ce qui se produit, et nous devons louer sans réserve l’opiniâtreté de Willermozqui mit plus de dix années à obtenir des faits probants, alors qu’au bout de deux ou trois années d’études, la plupart des autres disciples étaient satisfaits.



Les pratiques enseignées par Martinès, ajoute M. Papus, dérivent uniquement de la Magie cérémonielle. (M. Papus, Martinès, p. 73, 74).



Une lettre de Martinès à Willermoz, le haut franc-maçon lyonnais, qui fut le plus énergique propagateur du Martinisme, est bien curieuse la voici, datée du 16 février 1770 :

… Les visions sont blanc, bleu, blanc rouge clair enfin elles sont mixtes ou toutes blanches, couleur de flamme de bougie blanche, vous verrez des étincelles, vous sentirez la chair de poule partout votre corps tout cela annonce le principe de la traction que la Chose fait avec celui qui travaille. Tâchez T (rès) C (her) Maitre, de vous procurer quelqu’une de ces choses puisque de simples émules que j’ai sous l’ordination du Grand Architecte voyaient de nuit et de jour, sans lumière ni bougie ni autre feu quelconque ; cela ne me surprend point d’eux parce qu’ils sont entièrement donné a la Chose et ordonnés en règle ; en cela ils vous font passer leurs certificats de vision faits et signés de [274] leur propre main, pour que vous soyez convaincu de leur succès dans l’Ordre ils sont quatre : le premier, le frère de Hauterive, gentilhomme ancien capitaine du Roy, l’autre est le frère Defore, second capitaine de l’artillerie, et l’autre, le frère Defournier, ancien bourgeois vivant de ses revenus de Bordeaux, neveu du grand-prieur des Augustins de Paris. Si le frère baron de Calvimont était ici, il aurait également donné son certificat, mais il le donnera dès son retour de ses terres[7]1… (Papus, Martinès, p. 92, 93).





[1] Cf. ouvrages de Papus, mais il est impossible de prouver la véracité du fait et tous les éléments semblent infirmer un lien entre Swedenborg et Martinès.

[2] 1. Paris. 1895.

[3] 1. Ces opérations n'étaient autres que celles des rites de magie évocatrice.

[4] 1. Du Guers, « cet homme inique », paraît bien renseigné.

[5] 1. Page 113 du même ouvrage martiniste, nous verrons que la Chose était une Apparition que Willermoz appelait « l'Agent inconnu chargé du travail de l'Initiation. »

[6] 2. N'est-il pas singulier de voir, à la veille de la Terreur, des fantômes spirites exalter les fureurs révolutionnaires ?


[7] 1. Nous croyons avoir trouvé trace de cet « Elu Cohen », baron de Calvimont: ses terres se seraient trouvées à Castandet (Landes). (A. B.)