oct 9th, 2011 | Par Spartakus FreeMann | Catégorie: Les Templiers
par M. De Saulcy.
Afin de compléter le texte que nous avions publié concernant la Maison des Templiers de Metz, nous reproduisons ici des documents décrivant ce bâtiment avant qu’il fut amputé en 1904. Ce qui suit est une synthèse de divers travaux que nous devons à M. de Saulcy.
Nous avons conservé l’esprit et la lettre de l’auteur, n’opérant dans la synthèse que quelques modernisations du français.
La salle capitulaire, ou réfectoire des Templiers, qui était recouverte d’un plafond en bois peint et ornée de fresques (dont parle de Saulcy ci-après), sera rasée en 1904. La chapelle octogonale, située à une centaine de mètres, échappe à la destruction et se voit reconvertie en magasin de poudre et de plomb. La chapelle était dès l’origine entièrement peinte et la décoration actuelle est due au peintre Hermann Schaper. Dans la seconde niche transformée en chapelle, on voit des traces de peintures du début du 14e siècle : la Vierge montrant à un personnage agenouillé le Christ en croix, un évêque et le martyre de plusieurs saints.
Elle est classée monuments historiques en 1840. Elle échappera encore à la destruction en 1861 grâce à l’intervention de Prosper Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques. Depuis 1990, elle sert de salle d’expositions et peut être visitée.
La chapelle des Templiers
Les chevaliers du Temple vinrent s’établir à Metz dans la première moitié du 12e siècle ; mais on n’est pas parfaitement d’accord sur la date précise de leur arrivée. Le chroniqueur messin par excellence, Philippe de Vigneulles, s’exprime ainsi à leur sujet (manuscrit de la bibliothèque) :
« Pareillement tant par après et durant aussis la vie d’icelluy saint Bernard, c’est assavoir en l’un mil cent et xxiii durant le règne du devant dit Henry l’empereur, Ve de ce nom, et du devant dit Loys le Gros, roi de France, et d’Estienne, évesque de Metz, fuierent premier fondés et establis les templiers et ceulx de l’hospital de Jhérusalem, lesquels à cest heur présent y tienne le siège à Sainct-Jehan de Rhodes et furent ces deux relligions de chevalliers en ce temps fuictes pour défendre la chrestienté ; mais depuis leste dicts templiers par leur desmerittes ont esté destruicts et leur rente « et revenus donnés à ceulx dudict hospital, comme cy-après en aultre lieu sera dict. »
Les pères bénédictins auteurs de L’Histoire de Metz, D. Tabouliot et D. Jean François, se sont efforcés de démontrer que cette date était fausse. « Il est notoire, disent-ils, qu’il n’exista pas de templiers en France avant 1128, et que les deux premiers établissements qu’ils possédèrent en occident leur furent concédés, l’un dans les Pays-Bas en 1129, l’autre dans le Languedoc en 1130. » Ils pensent donc qu’il y a une erreur de dix années dans la date assignée par Philippe de Vigneulles, pour l’établissement de l’ordre du Temple à Metz, et ils rapportent cet événement à l’année 1133.
Cet oratoire est l’unique vestige de l’ancien hospice des Templiers de Metz, hospice qui fut détruit en l560 pour faire place à la citadelle que l’on construisit à cette époque sur le terrain occupé autrefois par cet hospice, l’abbaye de Sainte-Marie et l’abbaye de Saint-Pierre-aux-Dames ou aux Nonains. M. de Saulcy s’est proposé de décrire successivement ce qui reste de ces trois maisons religieuses, et il a commencé par l’oratoire des Templiers.
À leur arrivée dans cette ville, ils étaient si pauvres qu’ils reçurent l’hospitalité d’Agnès, abbesse de Sainte Glossinde, qui leur donna une humble chapelle sous l’invocation de Saint-Maurice, du consentement de sa communauté. Mais bientôt ils devinrent assez riches dans ce pays pour pouvoir y former un établissement plus convenable ; ils allèrent se loger dans l’hospice qu’ils firent construire de leurs deniers dans l’emplacement où, quelques siècles après, devait exister la citadelle ; et, vers 1260, ils cédèrent la chapelle de Saint-Maurice aux Augustin, qui l’occupèrent jusqu’à la révolution. Vers 1319, après l’abolition de l’ordre, les biens qu’ils possédaient dans Metz furent partagés entre les chevaliers de l’ordre teutonique et ceux de l’ordre de Malte.
Deux cent quarante-sept ans plus tard, la ville de Metz était tombée au pouvoir de la France ; M. de Vieilleville, qui comprenait combien la possession de cette place importante était mal assurée encore, fit sentir au roi la nécessité d’y construire une citadelle qui pût au besoin contenir l’esprit indocile des Messins et rendre inexécutables tous les projets de révolte. L’ordre qu’il sollicitait lui fut donné, et il se mit aussitôt à l’œuvre. Trois maisons religieuses et deux cent cinquante habitations particulières devaient disparaître pour faire place à la citadelle projetée ; ce ne fut pas sans peine que ces diverses expropriations s’accomplirent ; les travaux languirent donc jusqu’en 1560 et ce ne fut qu’en 1562 que M. de Vadoncourt, gouverneur de la ville, vint prendre gîte à la citadelle.
Les trois maisons religieuses à renverser ou à convertir soit en magasins, soit en casernes, étaient l’ancien hospice des Templiers, l’abbaye de Sainte-Marie et celle de Saint-Pierre aux Dames ou aux Nonnains. Parmi les bâtiments appartenant à l’ancien hospice des Templiers, M. de Vieilleville choisit l’oratoire pour en faire une poudrière et une salle capitulaire pour la transformer en salle d’arsenal. Je vais successivement décrire ce qui reste de ces deux édifices.
Lors de la démolition des bâtiments appartenant à l’ancien hospice des Templiers, le maréchal de Vieilleville conserva une chapelle pour servir de magasin à poudre.
À l’extérieur, cet oratoire ne présente aucun des caractères des chapelles que l’on est convenu d’appeler gothiques. Il se compose de trois parties distinctes, de hauteurs décroissantes, dont la première est un prisme octogonal rachetant un prisme rectangulaire qui lui-même rachète un demi-cylindre. L’octogone représente la nef. Les deux autres parties composent le sanctuaire ou le chœur qui était séparé de la nef par une balustrade ; à droite de celle espèce de chœur, est pratiqué, dans l’épaisseur de la muraille, un petit réduit qui servait sans doute de sacristie à l’officiant. La partie cylindrique rachète la voûte d’arête qui la précède par une demi-voûte en tour ronde. Des jours ou fenêtres étaient pratiqués sur cinq des faces de l’octogone, aux parties latérales et à l’extrémité du chœur.